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Par
Dianne Casoni
La relation gourou-disciple
De la promesse du PARADIS
à l'expérience de
l'ENFER
d'après Dianne Casoni
(source : BULLES, 4ème trimestre
1997)
De la communication de la psychiatre
Dianne Casoni au colloque d'Interlaken '
Sectes et occultisme. Aspects
criminologiques ' des 6-7-8 mars 1996 nous
n'avons retenu que l'analyse des aspects
psychologiques de l'aventure sectaire qui
nous a paru particulièrement
intéressante. Dianne Casoni dit que
bien d'autres éléments
entrent en compte dans le processus.
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Pour l'auteur, les notions
d'endoctrinement et de charisme ne sont
pas suffisantes pour expliquer que
certains se ruinent ou même laissent
leur vie dans l'aventure sectaire. Elle
pense qu'il y a rencontre, dans la plupart
des cas, des besoins inconscients du
leader et des adeptes.
Au besoin d'aduler de l'un (l'adepte)
correspond le besoin d'être
adulé de l'autre (le leader), au
besoin de soumission correspond celui de
domination, au besoin de renoncer à
ses désirs et volonté
propres correspond le besoin de s'arroger
toutes les permissions et toutes les
libertés sur le premier. Cette
interdépendance qui se crée
et se cultive au sein du groupe
relève d'un type de relation
perverse sadomasochiste où chaque
partenaire n'existe qu'en fonction de son
opposé. C'est une
complémentarité ' à
la vie, à la mort '.
Sans nier que cette perversion puisse
être sexuelle, l'auteur centre sa
réflexion sur le besoin de l'adepte
de se soumettre à un autre
imaginé comme ' Grand ', comme
possédant ' la Vérité
', ' la Réponse à ses
questions '. Grâce à ce
rapport d'idéalisation de l'adepte
envers le leader, l'adepte se sent
puissant et tire une satisfaction
narcissique qui le gratifie au-delà
des sacrifices que le leader peut exiger
de lui. Subjectivement il se sent agrandi
par la relation qui le lie au chef et
désire conserver comme un
trésor précieux ce lien
privilégié.
Tout ce qui pourrait en ternir
l'éclat devient synonyme d'une
menace, d'une crainte que cette relation
d'unicité parfaite soit une
illusion d'où la
nécessité d'ériger
une barrière entre initiés
et non initiés. Le Bon est dans la
secte, le Mauvais est situé dans le
monde extérieur, chez les non
élus. La promesse du paradis tient
donc dans cette relation
particulière et sa soumission est
jugée par lui comme un acte
d'adoration et d'amour qui lui permet de
vivre sur terre ce paradis.
Mais le leader de la secte n'est pas
plus libre que ses fidèles. Il est
lui aussi pris au jeu de l'illusion du
paradis sur terre. Son paradis
véritable est dans son besoin
inconscient que l'adoration et
l'idéalisation dont il est l'objet
ne cesse jamais. Ceux qui doutent doivent
être exclus, ceux qui aspirent
à partager sa grandeur
déshonorés.
Donc l'équilibre d'une secte ne
peut être maintenu que grâce
à une extrême vigilance des
adeptes entre eux afin de protéger
leurs propres privilèges et
parallèlement par un contrôle
strict de la conduite et de la
pensée des adeptes grâce
à une ritualisation extensive et
l'exigence d'une soumission entière
au dogme radicalisé.
L'adepte, protégé du
doute par le clivage et
délivré de sa conscience par
la servilité au leader se sent
aimé et protégé. Ses
angoisses existentielles sont
balayées.
C'est la menace d'effondrement ou la
crainte de rupture de l'illusion de ce
paradis partagé qui ouvre la voie
à l'expérience de l'enfer et
de la mort.
Pour le leader l'enfer est
constitué par la perte ou la menace
de perdre le sentiment de toute puissance
que lui confère sa fonction. En
effet l'affaiblissement de l'adulation
dont il est l'objet est vécue comme
une attaque narcissique insoutenable.
Tôt ou tard les limites de son
omnipotence le font souffrir et l'envie de
ce qu'il ne possède pas devient
intolérable. Dans le même
temps il craint d'être l'objet de
l'envie de la part de ses lieutenants et
de ses fidèles. La brèche
dans l'illusion de sa toute puissance
l'entraîne sur le chemin de la
méfiance et peut-être
même sur le chemin de sa
paranoïa.
Malgré tous les efforts
déployés par le leader, ses
lieutenants et ses adeptes pour maintenir
l'illusion d'avoir découvert un
paradis, tôt ou tard des
émotions humaines échappant
au contrôle souhaité par les
uns et les autres deviennent la source
d'une tension insoutenable au sein de la
secte. Langoisse
réveillée, certains sont
isolés comme boucs
émissaires, identifiés comme
responsables du bris de l'illusion, de la
brèche dans l'expérience du
paradis, de l'intrusion d'émotions
et pensées étrangères
à celles voulues par le leader et
les autres adeptes, en un mot de la
projection du Mauvais.
Ce danger de dissolution
provoqué par les tensions internes
de la secte donne souvent lieu à
l'exclusion, au bannissement, parfois
même à la mort du membre
fautif.
La deuxième forme de menace
à l'équilibre du groupe
provient de l'extérieur. C'est
lorsque la société, par ses
représentants, exerce une pression,
légitime la plupart du temps, que
le risque d'implosion meurtrière
devient le plus grand.
La seule issue pour retrouver
l'illusion du paradis est de
déplacer le lieu du paradis.
L'alternative à la dissolution de
la secte consiste à intensifier le
clivage et la projection de
l'idéal, du Bon ailleurs que sur
terre. Désormais le Bon se trouvera
dans la mort, dans l'Union avec le Grand
Tout car toute vie sur terre est
décevante et l'angoisse ne sera
jamais surmontée.
Mais la liberté de choix est
aussi inimaginable dans la mort qu'elle
l'était dans la vie. En effet
devant cet ultime renoncement, les enjeux
psychologiques inconscients qui guident le
leader sont exacerbés. Nul ne peut
échapper au destin du groupe sans
compromettre l'illusion. Ce qui ne pourra
être garanti à travers la
séduction comme manifestation de
fidélité ultime le sera par
la force. Tous doivent mourir pour
sauvegarder jusquà l'ultime
moment l'illusion.
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L'auteur me semble intéressant,
je n'ai pas encore trouvé d'autres
documents d'elle sur le Net.
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