Parcours
Récit de True Blue
(Traduit de l'anglais:
True Blue's journey)
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Date:

23 Mai 2004

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Comment ai-je fini par me retrouver ici ? J’ai l’impression de me réveiller d’une longue sieste débutée il y a 30 ans, je n’arrive pas à croire que tant d’années aient passé ………

J’avais 18 ans, c’était ma première année de collège, et j’avais entendu parler d’un jeune prince hindou auquel beaucoup de gens faisaient plein de cadeaux matériels. Ca m’a été présenté ainsi; mes camarades de classe du collège avaient entendu un mahatma qui parlait à l’association des étudiants. Ils m’ont amenée à l’ashram pour voir de quoi il s’agissait. J’avais quelques doutes, mais après quelques meetings, j’étais totalement convaincue. J’ai terminé mon deuxième trimestre, et j’ai rejoint l’ashram, abandonnant le collège et toute chance de faire des études – ce à quoi j’avais pourtant été préparée.

Ce qui m’avait principalement accroché, c’était mon désir d’avoir une explication du sens de la vie. Pourquoi Dieu ne nous avait-il pas donné un mode d’emploi ? J’avais rejeté la religion chrétienne à cause de l’hypocrisie que j’y voyais. L’affirmation selon laquelle “le maître parfait est toujours là pour donner la véritable connaissance” avait alors un sens pour moi. Je voyais les premies “blissed out”; ils avaient les pupilles dilatées sans prendre de drogue. Je me disais que ça avait dû être ainsi du temps de Jésus.

J’ai vécu 7 ans dans les ashrams, jusqu’à leur phase finale. Je l’ai quitté en 1974 pendant 1 an ½ pour aller propager en West Virginia. J’ai vécu 6 mois à la “City of Love and Light” (San Antonio), puis je suis allée à Detroit pour y être “mère” (d’ashram). J’y suis tombée amoureuse d’une femme, et nous avons vécu 6 mois ensemble.

Puis il y a eu Atlantic City. J’ai mis fin à cette relation, et j’ai déménagé vers une grande ville de la côte Est. Puis je me suis retrouvée à l’ashram. On m’a envoyée à Miami en 1979 pour 4 mois. J’ai travaillé à la mise en place du système national de dons à la DLM, je déposais les fonds à la banque, et j’étais la trésorière des personnes qui vivaient là bas. J’ai été très surprise des coutumes locales. Les gens travaillaient toute la journée, ils allaient le soir au satsang, et ils retournaient faire encore quelques heures de service avant d’aller se coucher ! Il fallait le faire pour être dans le coup, une sorte d’enthousiasme juvénile.

J’avais alors un problème chronique d’hypoglycémie. Résultat d’une vie végétarienne sans connaissances nutritionnelles. Les heures supplémentaires de travail n’arrangeaient rien.

Ils m’ont envoyé à Gainesville, où j’ai été assistant coordinateur de communauté pendant un an et demi. J’ai beaucoup aimé. Le seul problème, c’est que j’étais très attirée par un des premies. Nous nous échappions de temps en temps pour faire l’amour, boire du vin, et fumer des cigarettes. Nous rentrions à l’ashram vers 3h du matin ! Je me réveillais le matin avec un sentiment de culpabilité, et je ne lui parlais plus pendant des jours.

Lors de la visite d’un instructeur, je me souviens de lui avoir demandé: “Penses-tu que je devrais utiliser un diaphragme pour ne pas risquer d’être enceinte ?” Sa réponse a été: “Je crois que tu devrais plutôt décider si tu veux vivre à l’ashram ou pas.” Un instructeur a fini par venir par venir nous demander à moi, à mon petit ami, au coordinateur de communauté et à sa petite amie, la “mère d’ashram”, de quitter l’ashram. Ils l’ont fait. J’ai quand même essayé de l’amadouer en lui disant que je pourrais peut-être vivre au “pré-ashram”, et que si j’en avais encore envie dans 6 mois, je pourrais revenir à l’ashram.

Ce fut un passage difficile. J’ai rapidement été renvoyé de mon travail parce que j’avais invité ma patronne à un programme, et elle avait été inquiétée par les prosternations. Je n’avais pas de voiture, et les programmes de satsang étaient à l’autre bout de la ville. Je me souviens que j’ai pleuré et pleuré.

J’ai tenu un mois. Puis nous avons déménagé, mon ami et moi, à Atlanta. J’ai fini par déménager encore vers une autre ville de la côte Est 2 mois plus tard, pour prendre un travail dans une entreprise dirigée par un premie, et vivre dans un autre pré-ashram. Qu’est-ce que j’ai été entêtée !

On nous a vraiment bourré le crâne de cette idée que la vie d’ashram était très importante. Ca a affecté beaucoup de décisions que j’ai prises dans ma vie, comme avoir des enfants (je n’en ai pas – en aurais-je eu ? Je ne saurai jamais).

Après mon arrivée dans cette ville, j’ai commencé à me concentrer sur ma carrière. J’ai aussi commencé une relation qui a duré 3 ans avec un premie d’ashram. Plus d’ashram pour moi par conséquent !

La société se portait bien, et j’ai fait beaucoup de choses. Je pense que mes dons innés et l’aide des autres m’ont aidé à réussir malgré mon absence d’études supérieures. Il est certain que ce que j’ai fait aurait été complètement différent si j’avais été au collège.

Pendant cette période, j’ai eu une relation qui a duré 9 ans avec une “non-premie” qui m’a fait entrer dans la communauté lesbienne. Je me suis fait beaucoup d’amis, j’ai participé à des compétitions de football, j’ai fait de la moto, du ski de piste et du ski de fond. J’ai eu une belle vie avec elle, et nous avons eu une belle relation amoureuse. Nous avons fini par nous séparer parce que je me suis davantage impliquée dans le “service”, que j’ai voyagé pour aller aux programmes dans d’autres pays, et elle s’est sentie abandonnée.

Puis j’ai eu une autre relation avec une femme pendant cinq ans. J’ai appris à faire du kayak dans les torrents, et j’ai fait beaucoup de vélo. Pendant cette période, j’avais un travail à temps partiel, et j’ai appris à piloter, avec une licence pour le vol aux instruments, pensant entreprendre une nouvelle carrière et devenir pilote. Mais après une sérieuse réflexion, j’y ai renoncé, et j’ai repris un poste à plein temps dans la société.

Comme j’étais impliquée dans cette société dirigée par des premies, j’ai été remarquée par le cercle rapproché de Maharaji. J’ai été invitée aux événements spéciaux, on m’a donné de bonnes places, etc … J’ai eu quelques contacts personnels avec M. 10% des actions de cette société ont été données à M, ce qui a dû lui rapporter 20 millions de dollars depuis cette date.

J’hésite à donner le nom de cette société, car je ne veux pas causer de tort à mes amis ni à mes anciens camarades de travail.

Durant toute cette période des années 1980 et 1990, je considérais toujours Maharaji comme mon seigneur. Il était une idole, et je l’aimais. Je crois que j’étais une gopi. Extérieurement, je menais une vie très normale, même pour les personnes très proches de moi; mais avec les autres premies dévoués, je pouvais devenir assez exubérante, et je pleurais tout le temps lors des programmes dévotionnels et aux vidéos. Je méditais tous les matins, et j’en avais de bonnes expériences. Principalement le sentiment d’être claire et centrée, une sorte d’amour universel.

Pendant les dernières années 1997, 1998 et jusqu’à maintenant, j’avais vraiment le sentiment de vouloir accomplir quelque chose de bien. Ca ne suffisait pas d’envoyer de l’argent pour que M puisse se déplacer en avion et faire des conférences. Je commençais à envisager de travailler bénévolement pour une soupe populaire ou quelque chose de ce type. J’admirais ma mère qui avait travaillé bénévolement pour les Alcooliques Anonymes pendant 30 ans, et je pensais à toutes les personnes qu’elle avait aidée durant toutes ces années.

Vers la fin 1998, j’ai démissionné pour faire une pause, songeant à créer ma propre société. J’avais été trop souvent confrontée au président de cette société, et j’étais prête à faire le pas.

Un mois plus tard, j’ai reçu un coup de fil de la secrétaire personnelle de M. Elle avait reçu la carte que j’avais envoyée en offrant mes services, et elle me dit qu’elle aurait l’usage d’une aide. Mes rêves recevaient une réponse ! J’ai fait mes bagages, et je suis partie quelques jours plus tard pour la Californie.

Une fois là bas, elle m’a mise au travail: ouvrir et organiser le courrier de M. C’était avant l’ouverture du site Internet. C’était assez troublant de sentir la dévotion qui coulait de toutes ces lettres. A cette époque, ça fonctionnait de la manière suivante: le comptable personnel de M vérifiait d’abord s’il y avait des chèques, et s’il n’y avait pas une carte ou une lettre en provenance d’une personne que M connaissait personnellement. Tout ceci partait pour la résidence. S’il y avait quelque chose qui provenait d’une personne ayant vraiment des problèmes, c’était envoyé à un instructeur afin qu’il prenne contact avec le premie pour l’aider (ou toute autre solution possible). Ce qui provenait de personnes offrant leurs services était classé selon leur genre, pour un usage futur. Ce qui provenait de personnes inconnues de M, disant merci etc … était entassé dans des boîtes et périodiquement détruit.

Quelques mois plus tard, le site Internet où M pouvait recevoir du courrier a été mis sur pieds. Une personne merveilleuse, une de mes très bonnes amies lorsque j’étais là bas, reçoit les emails et les classe pour M. Elle met une marque à ceux qui proviennent d’une connaissance de M, et à ceux qui proviennent d’une personne ayant des ennuis. Ca m’ennuie vraiment de penser qu’une personne comme elle, avec son potentiel, sa culture et ses qualifications personnelles passent tellement de son temps à une tâche aussi ennuyeuse, nuit et jour. Mais elle se sent honorée par une telle tâche, je suis certaine.

Mon entreprise suivante a été de chercher et de trouver un bon service d’accès à Internet, doté d’une bonne sécurité (firewalls) pour la résidence et pour le bureau où son comptable, d’autres personnes et moi même travaillions.

C’est vers cette époque que mon amie est venue en Californie, et qu’elle m’a quittée. (Après une relation qui avait duré 5 ans, et pendant laquelle nous avions acquis une maison ensemble.) Elle m’a dit qu’elle était entrée en relation un spécialiste des sectes bien connu, et que Maharaji était sans aucun doute le leader d’une secte. Je l’avais aidée pendant ses deux dernières années d’études pour l’obtention de son MBA. Elle était inquiète que je ne revienne pas, et elle avait trouvé un travail pour subvenir à ses besoins. J’ai continué à payer les dépenses de la maison pendant encore deux mois, puis je l’ai définitivement quittée. Une relation de plus ruinée pour avoir mis M à la première place dans ma vie !

Puis j’ai été impliquée dans un projet très intéressant, la livraison de son planeur à moteur Stemme en provenance d’Allemagne. C’est un jouet qui vaut 250.000 dollars. Je l’ai réceptionné aux docks de Baltimore, et je l’ai fait transporter par camion jusqu’à St. Louis, où M a suivi un stage d’entraînement de 2 jours. Il l’a utilisé deux fois, une fois avec Hans, une fois avec Amar. Puis il ne l’a plus jamais piloté. Un an plus tard environ il a décidé qu’il pensait qu’il n’était pas assez sûr, et il a fini par le mettre en vente.

Il semble qu’il a pensé que j’avais fait du bon travail, et on m’a donc proposé un autre travail, l’organisation de ses transports à partir de Juillet 1999. Ca comprenait tous ses avions (le G-IV, deux hélicoptères, et le Stemme), et son yacht. Ma tâche essentielle consistait à me faire passer pour une acheteuse prestigieuse, et à marchander avec les fabricants comme Gulfstream et Bell pour obtenir les améliorations que M souhaitait. Je devais aussi embaucher les copilotes, faire les arrangements nécessaires avec eux, et organiser les vols d’entraînement de M à la Sécurité Aérienne.

A peu près un mois après avoir accepté ce nouvel emploi, on a diagnostiqué une maladie très grave à la personne qui était sa secrétaire depuis 15 ans, et elle a quitté son poste pour une durée indéterminée. On ne savait même pas si elle allait survivre. Mais elle s’en est remise, et elle a repris son poste un an plus tard, bien décidée à faire davantage attention à sa santé. Je me suis mise à faire ce qu’elle avait fait pendant des années sans personne pour m’apprendre mon travail. Coule ou nage ma grande !

Pendant les six premiers mois, j’ai travaillé à plein temps sans salaire. C’était mon choix. Lorsqu’on m’a offert une situation officielle approuvée par M, on m’a proposé un salaire annuel de 45.000 dollars. A cette époque, c’était le salaire le plus élevé payé à un membre de son équipe personnelle, c’est à dire à son comptable et sa secrétaire, mais un tiers seulement de ce que je gagnais auparavant dans le monde des affaires. Je me rends maintenant compte que son mécanicien extrêmement dévoué, lui au moins il a un bon salaire, dieu merci. La plupart des instructeurs gagnent à peu près 30.000 dollars, tout comme beaucoup des membres de l’équipe de la résidence.

Pendant ces six mois, j’ai flotté sur un nuage. Il me rapprochait de lui, c’était une vraie lune de miel. Nous avons eu beaucoup de conversations téléphoniques privées, échangé beaucoup d’emails; il m’a vraiment passé la pommade. Il s’agissait toujours de business pour l’essentiel.

Pendant les quelques mois qui ont suivi, j’ai beaucoup travaillé avec sa premie « répartitrice » ; elle travaillait sans relâche à la logistique de ses voyages à travers les fuseaux horaires. Elle a été récemment relevée de son poste, pour laisser la place à un « professionnel ». Elle faisait un excellent travail, et il a pris une très mauvaise option en la renvoyant. Mais ceci s’est passé après mon départ, je lui laisse donc le soin d’en parler quand elle aura décidé de partir, ce qu’elle fera un jour j’espère.

M a été mécontent de quelque chose que j’ai fait à un certain moment, environ 4 mois après ma prise de poste. Il s’agissait d’une offre que j’avais envoyée au sujet d’améliorations à effectuer au G-IV. Les communications avec M étaient parfois très difficiles ; il n’était pas très doué pour exprimer précisément ce qu’il souhaitait. Il faisait les choses en amateur, et je me souviens que je me suis dit un jour que pour pouvoir faire ce travail, il fallait être capable de lire ses pensées. Je lui ai souvent envoyé des propositions qu’il avait demandées, puis je n’en entendais plus parler pendant très longtemps.

Ensuite, j’ai obtenu un grand succès pour des améliorations à l’hélicoptère Bell. J’étais à nouveau en grâces. Peu après, il m’a davantage impliquée sur place pour les finitions du G-V. Le G-V est un jet qui vaut 40 millions de $ ; il l’a voulu parce qu’il est plus vaste et parce qu’il a un plus grand rayon d’action que le G-IV.

Comment peut-il s’offrir un jet de 40 millions de dollars ? Il a un groupe de premies riches qui forment un partenariat, et c’est un investissement pour ces personnes. Les coûts de fonctionnement sont couverts par Elan Vital. Ses frais de voyage s’élèvent à 6 millions de $ par an, ce qui comprend le kérosène, les stages de vol, le salaire des copilotes, les frais financiers de l’emprunt, etc. Je me demande ce que ça coûterait s’il voyageait en première classe ! Mais ça n’est pas son genre.

Ce genre d’avion s’achète presque terminé ; il faut ensuite y installer vos accessoires de navigation particuliers, et votre aménagement intérieur. Les finitions demandent en général 7 mois. C’est un peu comme la construction d’une maison ou d’un yacht.

Je me suis donc rendue à l’usine pour être sur place pendant cette période d’aménagement. C’était en février 2000. Une fois que lui, son premie avocat qui est maintenant spécialisé dans le secteur de l’aviation, et son mécanicien furent partis, je me suis retrouvée seule pour travailler avec le responsable clientèle de Gulfstream. Mon travail était de faire la liaison entre PR (Prem Rawat) et Gulfstream.

Le deuxième jour, le responsable clientèle m’a prise à part pour me dire qu’il y avait beaucoup de gens qui n’aiment pas Mr Rawat. Il avait apparemment fait une recherche sur Internet pour voir qui était ce type plein de fric, et il avait dû trouver EPO. Je lui ai répété la ligne du parti, c’est à dire qu’il y a plus de gens qui l’aiment que de gens qui ne l’aiment pas.

Je me rendais donc tous les jours sur place à l’usine, j’observais, faisais un rapport, et je jouais mon rôle d’interface. PR m’appelait ou m’envoyait des emails. Au début, il était très exigeant sur le prix d’un certain aménagement. Ce qu’il voulait semblait très déraisonnable, mais j’ai essayé de le réaliser. Ca a diminué sa crédibilité, et je me suis dit que ça l’a fait passer pour un grippe-sou.

Un mois plus tard, il y a eu une conférence pour gros donateurs en Californie, et j’ai demandé à M si je pouvais y aller. Il m’a fait dire, par l’intermédiaire de son nouveau secrétaire âgé de 21 ans, «Mais qui va avoir l’œil sur le G-V ?» Je ne me serais absentée que le week-end, et de toutes manières l’usine ne travaillait pas pendant le week-end à cette époque. Il ne semblait pas se rendre compte de ma solitude là-bas, de mon désir de venir voir quelques amis, et peut-être d’avoir un peu d’inspiration.

Un mois plus tard environ, le G-IV était vendu et le mécanicien est venu se joindre à moi là-bas. J’avais enfin un ami et quelqu’un de qualifié pour m’aider. Je n’avais pas vraiment d’expérience en construction aéronautique, simplement mon expérience de pilote et mon expérience des affaires. Le responsable clientèle n’était pas gentil avec moi, il semblait n’avoir de respect que pour les personnes ayant des connaissances dans son domaine. Ca me rendait la tâche très difficile.

A un certain moment, avant l’arrivée du mécanicien, il en a eu assez de moi, et il a appelé l’avocat. Il voulait me faire chasser de l’usine. L’avocat m’a alors appelée, me disant que je devais être responsable de cette situation. Ca m’a vraiment fait mal. Me voilà à faire de mon mieux, et il ne lui vient même pas à l’esprit que ça peut être la faute de l’autre ! Il ne m’a apporté aucun soutien lorsque j’en ai eu besoin. Gardez à l’esprit que j’ai toujours eu beaucoup de succès dans les affaires. Ca me dépassait.

J’ai appris beaucoup plus tard, par l’intermédiaire d’un ami et après mon départ, qu’à partir de ce moment PR a commencé à dire des choses négatives à mon propos, y compris que j’étais incompétente, et qu’il parlait aux autres derrière mon dos.

J’ai envoyé une note à PR en lui expliquant que je pensais que je n’étais pas la personne qui convenait à ce poste, et que le responsable clientèle et moi ne nous entendions pas. Je proposais que le copilote (un non-premie) vienne m’aider. Il a donné son accord deux mois plus tard.

Au bout de 3 mois, disons vers avril-mai 2000, PR est venu faire une inspection, accompagné de son entourage, y compris sa maîtresse. A cette époque, je ne savais pas que c’était sa maîtresse. Elle prenait des quantités de photos. Je l’ai appris un ou deux mois plus tard par l’intermédiaire d’un ami qui faisait la sécurité. Ce qui m’a rappelé certaines des instructions que j’avais reçues de sa secrétaire, selon lesquelles la liste des passagers ne devait jamais être montrée aux membres de la famille de M. Je sais maintenant pourquoi. Il essaie d’éviter que sa femme le sache autant que possible, mais je suis sûre qu’elle le sait. A partir du moment où j’ai fait partie de l’équipe de l’avion, elle est devenue un peu froide avec moi ; je sais maintenant pourquoi.

Je me suis occupée des arrangements pour une maison où il a séjourné lorsqu’il a fait son stage de pilotage de 3 semaines. Je l’ai fait équiper d’accès à Internet, de mobilier, etc etc. Et d’une deuxième maison pour son cuisinier et son valet de chambre. Il en avait 2 à cette époque. L’un était avec lui, l’autre avec le cuisinier. En vérifiant la facture de satellite pour la maison de M, j’ai remarqué qu’il avait payé un film pornographique, une histoire de Lapines des Neiges. Beaucoup de types regardent du porno, non ?

Pendant son stage de pilotage, il est allé voir l’avion tous les jours pendant qu’il était en peinture. J’étais là avec son mécanicien. Un jour, nous étions tous les trois dans l’avion, et PR a commencé à parler au mécanicien des diverses postures sexuelles qu’il pourrait prendre (le mécanicien) avec sa petite amie pendant leur retour vers la Californie. Ca m’a choquée parce qu’elle était mon amie, et je trouvais que c’était abusif de parler de ça, surtout en ma présence. Je suis alors sortie de l’avion, et j’ai attendu dehors. J’ai appris plus tard qu’il s’agissait de harcèlement sexuel, étant donné qu’il était mon employeur.

Pendant le stage de pilotage, nous avions fait installer un mobil-home (grande caravane) à l’extérieur, pour qu’il puisse aller y fumer pendant les pauses, pour qu’il ne soit pas obligé d’utiliser les WC publics, et pour qu’il puisse déjeuner en privé.

Alors que l’équipement du jet était pratiquement terminé, PR était en ville, sans occupation, et il s’était installé sur son yacht. Il venait tous les jours à l’usine en hélicoptère pour voir comment ça allait. Il m’a demandé de m’informer pour un stage d’hydravion, mais il ne l’a pas suivi.

Une fois les aménagements du jet terminés (août 2000), il est parti en Espagne, puis à Amaroo. Il m’a parlé au téléphone la veille de son départ. C’est la dernière fois qu’il s’est adressé à moi. On m’a laissé déménager le bureau installé chez Gulfstream, fermer les maisons, et continuer à m’occuper des arrangements pour le copilote du G-V. Il avait décidé que celui qui avait fait le stage avec lui ne serait pas assez bon.

A ce moment là, j’étais assez épuisée, sur le plan émotionnel et sur le plan physique. Pendant le dernier mois, j’avais l’impression que mes actions auprès du boss étaient en train de couler. Lorsque tout votre univers tourne autour d’une seule personne, et si toutes les personnes que vous connaissez et avec qui vous travaillez tous les jours ont le même point central, ça vous donne la nausée.

J’ai alors décidé de me rendre à Amaroo pour essayer de me reconnecter à lui en tant que maître, et non comme un à patron très exigeant. Ca a un peu marché. Il a été surpris de me voir dans la ligne de darshan. Puis je suis rentrée en Californie.

Une fois là-bas, j’ai essayé de me remettre au travail, mais rien n’était plus comme avant. Il ne me confiait plus aucun projet. Il ne répondait à aucune de mes offres. Sa secrétaire avait repris son poste, et elle me traitait comme une idiote. Nous avions été bons amis, du moins je le pensais, durant sa maladie. Ca aussi ça fait mal.

Trois mois après mon retour en Californie, j’ai appris que M lui avait demandé de me congédier dès la fin des travaux sur le jet. Elle avait attendu 3 mois pour le faire parce qu’elle avait peur que je parte en la laissant seule avec tout le travail que je faisais.

Pendant toute cette période, je commençais à songer à démissionner. J’ai eu une mini crise de nerfs une à deux semaines après mon retour en Californie. Je me souviens qu’un jour j’ai été prise de nausées en regardant des personnes dans un parc ; je me demandais si j’aurais à nouveau une vie normale un jour, des amis, du temps pour vivre en société, du temps pour faire ce que j’aime. Alors 3 mois environ après mon retour en Californie, je suis sortie déjeuner avec le comptable de M. Je lui ai fait part de mon sentiment. Il m’a alors dit que je lui facilitais la tâche. Il avait justement l’intention de me dire que M pensait que je n’étais pas « la bonne personne pour ce poste ». Aucun autre poste ne m’était offert. On m’a demandé de trouver un remplaçant.

Comme une idiote, j’ai accepté. J’ai même aidé à faire les achats de Noël de PR. Tous les ans, il fait des cadeaux à ses associés en affaires, pour qu’ils lui en soient reconnaissants – essentiellement dans le domaine de l’aviation. Mais aucun cadeau pour les premies. Son copilote gagne 100.000 $ par an. Ce qui est peu par rapport aux tarifs couramment pratiqués, mais beaucoup par rapport à ce qu’il donne comme salaire à ses premies.

Plusieurs mois plus tard, après qu’aucun des noms des personnes que j'avais suggérées n’ait été vraiment pris en considération, j’ai tout simplement décidé de laisser sa secrétaire choisir elle-même la personne qu’elle souhaitait. C’était de toutes manières ce qu’elle faisait. J’étais de plus en plus déprimée, et j’avais besoin de partir. J’ai donc donné mon préavis, terminé mes projets en cours, demandé qu’ils vérifient que j’effaçais bien tout de mon ordinateur (c’est exigé), et je suis partie.

Colère et souffrance ont commencé à se manifester. C’était comme si la plus grande relation amoureuse de ma vie venait de se terminer. Ce M n’avait même pas eu la courtoisie professionnelle de me le dire en personne, de me remercier pour tout le dur travail que j’avais effectué, me dire que ça n’allait pas. Ca aurait tout à fait convenu. Non, il a demandé à quelqu’un d’autre de le faire. Il m’a traitée par le silence. J’ai appris par la suite que c’est ainsi qu’il procède avec tout le monde. Quand il en a terminé avec vous, c’est terminé.

En mars 2001, je suis donc retournée à la ville où vit ma famille, afin de passer du temps avec ma mère qui commence à être très âgée. Ca faisait tout de même 30 ans que j’étais partie. Nous étions restées en contact après mes premières années d’ashram, mais ça n’est pas pareil de vivre dans la même ville. J’ai pansé mes blessures, et j’ai apprécié son réconfort.

Environ 15 jours après mon retour à la maison, on a diagnostiqué de manière inattendue chez mon frère un cancer au stade terminal. J’ai passé les 9 mois suivants à l’aider, et à essayer de trouver un traitement alternatif qui aurait pu le sauver. Il est mort hélas à l’âge de 45 ans, laissant sa femme qu’il avait épousée 5 ans auparavant, et une fillette de 1 an. Ce fut assez accablant pour moi.

Je « pratiquais » encore la connaissance à cette époque. Après avoir quitté la Californie, j’avais été à un grand événement auquel j’ai pris grand plaisir. J’essayais de m’y remettre, comme un premie ordinaire. Mais ma dévotion était difficile à rappeler.

En mars 2002, j’ai commencé un stage de 7 mois dans une école de massage. Je ne voulais pas retourner dans le monde des affaires.

Un mois plus tard environ, mon frère est décédé, et j’ai commencé à aller voir un thérapeute-médium. Je pensais qu’elle pourrait m’aider dans cette phase de deuil, et peut-être m’aider à entrer en contact avec mon frère (à cette époque, je croyais à la voyance). J’allais la consulter une fois par semaine. Elle vivait simplement, et ne me faisait pas payer bien cher. Elle présentait très bien, et ne prétendait pas tout savoir. Agréable changement après ce que j’avais connu dans cette relation disciple/maître.

Elle m’a enseigné une autre méditation, afin de développer ma sensibilité pour pouvoir communiquer avec mes guides spirituels. Quelques mois plus tard, je me suis rendue compte que je préférais cette méditation à celle de la Connaissance ; j’ai donc cessé de pratiquer la Connaissance. C’est à peu près à cette époque que j’ai cessé d’être disciple de Maharaji.

Elle m’a dit qu’il avait dû être un guide spirituel lorsque je suis venue à lui, mais qu’il a ensuite progressivement perdu ses qualités. Que lorsqu’il parlait aux programmes, ses guides spirituels parlaient à travers lui. J’ai accepté cette explication. Progressivement, elle a commencé à avoir de plus en plus d’influence sur moi. Je me suis rendue compte que j’allais la consulter pour chaque décision que je devais prendre.

J’ai compris que c’est un phénomène fréquent lorsqu’on quitte une secte. On cherche quelqu’un d’autre qui vous donne des réponses, une autre perspective sur la vie. J’ai adopté sa vision, et abandonné celle de M. Je dirais que m’étant brûlée une fois, je n’ai pas d’absolue certitude de mes croyances actuelles.

Après avoir étudié deux ans avec elle, un ami ex-premie est venu passer deux mois avec moi entre deux périodes de travail, en avril 2004. Nous avons eu de grandes discussions. Puis j’ai lu le livre “Cults in Our Midst” – (Sectes parmi Nous), du Dr. Margaret Singer (psychiatre américain, spécialiste de la lutte contre les sectes, ndt). Et la lumière s’est éteinte.

Je me suis rendue compte que j’avais été dupée, comme tant d’autres. J’ai commencé à comprendre les mécanismes de persuasion sectaires. Comment une personne parfaitement normale peut se faire prendre au piège d’un groupe thérapeutique, d’une secte biblique, d’une secte orientaliste, etc. De quelle manière la méditation est en réalité utilisée pour vous rendre plus sensible aux directives et aux suggestions du leader de la secte. De quelle manière on attrape mieux les mouches avec du miel. Combien M s’y prend doucement (je le vois maintenant très clairement, mais j’ai été leurrée pendant si longtemps).

J’ai immédiatement cessé de pratiquer la méditation de mon médium. Avais-je vraiment envie de me faire guider par mes « guides spirituels » ? Peut-être devais-je y songer un peu plus. J Et j’ai cessé d’aller aux cours du médium.

J’ai alors décidé de retourner au collège, et de reprendre mes études là où je les avais laissées quand j’avais 18 ans. J’avais alors pratiqué les massages thérapeutiques pendant un an et demi, puis décidé de suivre des cours d’acuponcture. Mais je pense maintenant que je vais plutôt étudier la psychologie, l’histoire, et décider de ce que je vais faire lorsque je serai grande, comme j’aurais dû le faire à 18 ans. Si j’ai vraiment envie d’étudier la médecine chinoise traditionnelle, c’est ce que je ferai.

J’ai envie de me forger ma propre vision. J’ai commencé une sorte de thérapie avec un spécialiste des sectes. Je le recommande vraiment pour toute personne qui sort d’une secte. Je commence à voir à quel point ma dévotion aveugle m’a affectée à beaucoup de niveaux. La mentalité élitiste, les réponses faciles. Comme on dit, c’est trop beau pour être vrai …. Et c’est probablement le cas.

La morale de cette très longue histoire, c’est que la vie est sûrement un processus, non ? Mais je n’ai pas l’intention de me défaire de mon optimisme, ni de ma foi en les autres. Je veux juste avoir un peu plus de discernement.

Je ne veux pas non plus faire de mal à M ni à sa famille. Lui-même et les membres de son équipe ont été généralement gentils et bienveillants à mon égard. Mes pensées vont davantage vers les milliers de personnes qui sont encore dans la secte, beaucoup d’entre eux sont des amis de longue date.

J’espère vraiment que ses gens ne vont pas me harceler ni essayer de me poursuivre en justice, comme ils l’ont fait pour d’autres. S’ils le font, j’aurai sans doute moins d’hésitation à porter atteinte à la réputation de la société qui m’a employée. Le responsable de cette société est toujours un des principaux sponsors financiers de PR. Je suis certaine qu’ils n’ont pas envie que leurs concurrents, clients, clients potentiels, employés et employés potentiels sachent que cette société est dirigée par des membres d’une secte, et qu’ils financent ainsi personnellement le leader d’une secte. Je ne veux pas tellement les menacer ; mais je suis sur la défensive, après avoir vu ce qu’ils ont fait à d’autres personnes qui ont osé parler.

Mon but est simplement de fournir une autre pièce du puzzle, pour que les gens puissent se faire une idée avant de se dédier à cette histoire.

Toujours sur le chemin,

True Blue

Mai 2004

PS : Tout ce mythe selon lequel il a gagné son argent grâce au succès de ses investissements est une fable. Son argent de poche provient principalement d’une société gérée par des premies (pas celle qui m’a employée), grâce aux actions de cette société qui lui ont été offertes. Il a reçu beaucoup d’argent de celle qui m’a employée, je suppose qu’il en est encore ainsi. Il reçoit beaucoup d’argent des premies, qui lui donnent leur fortune et leurs héritages, et par des premies qui travaillent bénévolement ou contre de maigres salaires. Ses finances sont gérées par un avocat, et par les services de gestionnaires financiers que M paie.

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