Parcours
Récit de X (anonyme)
Retour à l'Index des Parcours


Date:

25 Octobre 2000

Email:



C'était en 1972. J'avais 18 ans et j'avais économisé 1500$ (canadiens) au cours de l'été précédent. À l'époque, ça valait plus que 1500$ américains. Une fortune. C'était à Montréal et le Mahatma s'appelait Fakiranand. Le même qui, en 1973, après avoir fracturé le crâne de l'entartiste du gourou à Chicago, a été renvoyé en Inde. Il avait la réputation d'être un dévôt redoutable. Il a demandé, à tous les aspirants, si nous étions disposés à nous consacrer à notre gourou. Bien sûr que oui. Nous voulions tous être initiés et l'heure n'était pas à la nuance. Il nous a demandés combien nous avions à la banque et d'apporter un chèque du même montant le lendemain si nous voulions recevoir la connaissance. Il y avait un musicien de l'orchestre symphonique. Un type désargenté avec trop peu de revenus pour faire vivre sa famille qui s'est mis à pleurer. On m'avait dit que c'était gratuit. Le Mahatma avait-il pris une initiative? Le violoniste a fini par obéir.

C'était en 1973. Mahatma Trivinand qui était de passage à Montréal avait sauté S... la cuisinière de l'ashram âgée d'à peine 18 ans. L'affaire avait été étouffée et mes intuitions à ce sujet n'ont été confirmées que cet été. C..., la grande amie de S... qui était de passage en ville a finalement répondu à ma question. S... a été promue à l'ashram de Toronto. Anne J. la mère supérieure de la DLM canadienne a été promue à Montréal pour rétablir l'ordre et Trivinanand a continué sa tournée. À juger la façon qu'avait C... de ne pas répondre à mes questions, j'ai bien compris qu'il y avait un secret dans la bouteille sur la tablette derrière le piano dans la chambre de pépé. 27 ans plus tard, en juillet dernier, C... a finalement craché le morceau. Si elle a gardé le secret si longtemps c'est peut-être que la DLM avait fait un tel cas du scandale à l'époque qu'après toutes ces années, elle se croit tenue de respecter l'omerta.

Jim, un participant au forum anglo à qui j'ai raconté l'histoire m'a appris que, quelques mois plus tard, en Saskatchewan, Trivinanand a violé une fille de l'ashram de Regina. Mal lui en pris. Elle s'est gravé un X sur le front et a été internée en psychiatrie pendant une longue période. Ce n'est qu'alors que Trivinanand a été retourné en Inde. Il est probable que Rawat soit un jour forcé de répondre de ses actes. On serait alors en position de lui demander

1) s'il était au courant que la MLD/DLM employait un prédateur

2) si, comme il l'a abondamment laissé entendre, il est dieu,

3) si les premies devaient obéir au Mahatma,

4) pourquoi il a laissé le prédateur en circulation alors qu'il savait qu'il était dangereux.

Le dossier est suffisamment étoffé pour que sa fourberie lui soit reprochée.

C'était en 1974. Guru Maharaj-ji venait de se marier et le diable était aux vaches dans la famille divine. Susan B. qui avait été la directrice nationale était en Inde avec Mata Ji. «Susan, you are a butch» (Susan, tu es une gouine) lui aurait dit Mata Ji. Elle s'amusait à le répéter à qui voulait l'entendre. Mata Ji ne parlait pas un mot d'anglais; allez comprendre. Je vivais à l'ashram de Montréal. Pendant la fin de semaine de trois jours du début septembre, les copains étaient partis en Nouvelle-Écosse pour entendre Raja Ji et Claudia. De puis, j'ai appris qu'au cours de cette fin de semaine on avait confié à G... la responsabilité de s'assurer que les mahatmas n'abusent pas des filles. J'étais resté en ville pour compléter mon service d'opérateur de la presse offset.

C... et S..., deux « soeurs » de Toronto se sont pointées. Elles avaient quitté leur emploi et avaient loué une villa en banlieue d'Ottawa. Mata Ji devait s'y installer quelques semaines plus tard pour établir sa mission en occident. Elles m'ont enrôlé dans leur projet et j'ai profité de l'occasion pour filer à l'anglaise sans laisser d'adresse. J'ai rédigé une lettre de démission à l'attention de mon employeur et je les ai suivies. Avant longtemps, à la suite d'une filature rocambolesque, les représentants de la DLM nous ont retracés et délégué un mahatma. S... a été filée de Toronto à Ottawa. On a ensuite utilisé les petites annonces pour relever les maisons qui avaient été récemment mises sur le marché de la location dans le secteur de la ville où on avait perdu sa trace.

Ding-dong. Un mahatma sonne à la porte et nous convainc de mettre fin au projet. Une semaine plus tard, la Mataji serait débarqué en ville. Quand je pense qu'on avait financé toute l'opération avec nos maigres salaires, je regrette de ne pas avoir fait appel à l'aide internationale.

C... et S... sont retournées à L'ashram de Toronto et j'ai été réintégré à l'ashram d'Ottawa. C... avec qui je suis resté en contact, refuse encore de parler de l'aventure. Le propriétaire de la villa a été déçu de perdre ses locataires. J'espère qu'il ne m'en veut plus.

Haut de Page & Principaux Liens du Site