Big
Money - Big Joke
Pendant
des années, j'ai alimenté Elan Vital Australie
par le débit direct de mon compte bancaire d'une
somme mensuelle moyenne de 80 dollars australiens. Elan
Vital est une organisation sans but lucratif qui travaille
pour Prem Rawat, le leader d'une secte religieuse. J'ai
parfois donné des sommes plus importantes, lorsque le
prétexte 'il faut absolument de l'argent parce
que (sur un ton ému) le Boss (Rawat) le
demande' était soumis à mon
cur.
J'ai
vraiment cru que Amaroo (le "Ivorys Rock Conference
Centre"), près de Brisbane, Australie, financé
par les premies (disciples) de Rawat et en son nom, objet de
mes dons, allait être le lieu où la paix serait
offerte au monde. Ce lieu était supposé
être l'endroit où les gens au cur
sincère allaient pouvoir venir pratiquer le don de la
connaissance intérieure, la connexion avec l'infini,
la véritable prière, la vraie manière
de propager la paix sur cette planète.
C'est
en tout ce cas ce que Prem Rawat, également connu
sous le nom de Guru Maharaj Ji, ou Maharaji, prêchait
depuis des années, et ce que j'avais
entendu.
La
première fois que je l'ai entendu, ma réaction
a été que c'était bidon, qu'il
était un charlatan; mais après les
encouragements pressants et répétés de
divers amis musiciens de mes connaissances, c'était
vrai, et j'ai décidé de lui accorder le
bénéfice du doute, croyant à la
véracité de son message.
A cette
époque, en 1976, à Melbourne Australie, on
propageait le message que le Seigneur s'était
incarné sur terre en Guru Maharaj Ji, qu'il
était venu sauver le monde en donnant ce cadeau
qu'est la Connaissance parfaite, une manière de se
connecter à l'amour universel et divin pour tous ceux
qui le demandaient, gratuitement. Et c'est effectivement ce
que je l'ai entendu répéter lui-même,
sur des enregistrements et en personne, lors
d'événements publics.
Soyons
honnêtes: c'était une offre fantastique dans le
secteur du Divin, et je me suis fait avoir de A à
Z.
On
m'a finalement montré les quatre techniques en 1984,
et je les ai pratiquées avec diligence pendant 18
drôles d'années. J'ai eu des expériences
de bonheur et d'harmonie qui continuent toujours, bien que
je ne pratique plus ces techniques. J'aurais dû le
faire, étant donné qu'elles sont une forme de
yoga de premier ordre, largement pratiqué en Inde,
bien que Rawat prétende en être le seul gardien
appointé par héritage divin, comme il
l'affirmait sur une version précédente de son
site Internet www.maharaji.org, encore consultable dans les
archives d'Internet.
Mais
un autre message m'est parvenu par l'intermédiaire de
ses disciples premies, à savoir que je devais
être infiniment reconnaissant envers la personne qui
m'avait montré ces techniques, et que c'était
mon immense privilège de lui témoigner mes
remerciements de toutes les manières possibles, afin
d'aider cette personne très très
spéciale à mettre fin aux insanités et
à la folie qui existent sur la planète, en
exerçant sa divinité.
J'avais
constaté au fil du temps de quelle manière les
dons aux uvres charitables étaient trop souvent
détournés, et j'étais tellement
heureuse de pouvoir diriger mes économies vers
quelque chose qui marchait vraiment, et qui allait à
100% garanti dans l'entreprise qui ferait de cette
planète un monde meilleur ... du moins je le
pensais.
Et
je pouvais montrer mon appréciation d'une
manière tangible. Je pouvais donner de l'argent pour
l'aider à accomplir son travail sur toute la
planète, donner ce cadeau à davantage de gens.
Lorsque suffisamment de personnes auraient ce cadeau,
lorsque la masse critique serait atteinte, il y aurait sans
doute la paix sur terre.
D'où
le prélèvement direct sur mon compte
bancaire.
Je
n'étais pas satisfaite de nombreuses pratiques que
j'avais constatées à Amaroo. Ce bout de terre
australienne avait été transformé en un
centre de conférences internationales de Prem Rawat
par un travail essentiellement bénévole, tel
que l'exploitation des travailleurs, de froides pratiques de
construction, l'irresponsabilité. J'ai fait de grands
efforts pour vérifier que les disciples de Maharaji,
ainsi qu'on l'appelait à l'époque, faisaient
un mauvais usage de mon argent.
Je
n'arrivais pas à croire que l'incarnation vivante du
principe universel de l'amour manquait de jugement. Sa
volonté était manifestement subvertie par les
individus peu consciencieux qui géraient le lieu en
son nom. Après tout, il s'agissait soit de
volontaires, soit des personnes mal
rémunérées, parce que c'était
tout ce qu'on pouvait se permettre. Il fallait exploiter au
mieux les fonds partagés avec divers autres projets
tout aussi importants. Il n'était donc pas
étonnant que ce lieu soit géré avec un
manque évident de professionnalisme, comme s'il
s'agissait d'une petite entreprise aux pratiques
illégales.
C'est
ainsi que j'ai refusé de croire à
l'évidence pendant des années.
Un
jour, mon père m'a enseigné une règle
à appliquer dans les affaites - ne jamais risquer
plus que ce qu'on peut se permettre de perdre.
Les
enjeux se sont encore élevés lorsque, venant
de nulle part, j'ai reçu il y a environ un an un coup
de téléphone du coordinateur financier d'Elan
Vital. Il me demandait si je voulais avoir une
opportunité très spéciale d'être
proche du Maître. Il voulait encore plus d'argent pour
répandre plus loin sa Connaissance, plus vite, et
mieux. C'est pourquoi une équipe de personnes du
monde entier allait avoir le privilège d'assister
à une conférence privée avec Lui. Le
don minimum requis pour y participer était de 5.000
dollars US. Un prix très minime pour participer
à une réunion avec le plus grand PDG (sic) de
la planète.
J'ai
réfléchi, et je me suis dit que je pouvais
à peine me permettre de perdre la moitié de
cette somme. L'effondrement des valeurs technologiques
affectait mes revenus, mais comment aurais-je pu refuser une
exception pour le Maître envers qui j'avais une dette
de gratitude éternelle pour son cadeau de la
Connaissance de toutes les Connaissances ?
J'ai
donc offert la moitié de cette somme. Elle fut
acceptée, à condition de garantir l'autre
moitié avec ma carte de crédit.
Je
suppose que je fus en partie flattée que cette
proposition m'ait été faite. Et je croyais
vraiment que c'était ma chance de pouvoir m'approcher
assez de lui pour trouver certaines réponses. Est-ce
que mon argent allait être bien dépensé
? Comment fonctionnait la chaîne de décisions ?
Y avait-il un moyen pour que je puisse faire passer le
message qu'Amaroo ne fonctionnait pas, à mon avis,
comme un centre pour la paix dans le monde, parce qu'il
était mal dirigé, comme une petite entreprise
autoritaire, et non comme une entreprise internationale bien
huilée et responsable devant ses actionnaires.
Aurai-je au moins la possibilité de dire à
quelqu'un que le népotisme et le copinage y
régnaient ?
L'événement
devait avoir lieu à Amaroo, à une heure de
route de mon domicile du Queensland.
Puis,
au dernier moment, il y a eu un changement de lieu, pour le
Scottsdale Fairmont Resort, Phoenix Arizona
(USA).
J'étais
toujours partante. Je me suis donc acheté un billet
aller-retour pour les USA, un long voyage depuis
l'Australie, 20 heures, dont 14 heures de vol.
Raisonnablement cher.
Je
ne suis pas impressionnée par l'argent, la richesse
ou les villégiatures. J'ai passé ma jeunesse
dans une très belle ville de villégiature,
avec des plages de sable blanc immaculé, une
forêt et des jardins tropicaux.
Je
suis arrivée au Princess Fairmont Scottsdale resort
avec une journée d'avance. C'était une oasis
au milieu du désert d'Arizona, la terre ancestrale
des Navajos arrivés des régions nordiques
entre 1000 et 1500 ans après J.-C. Le paysage
était nu et sculpturesque, parsemé de pointes
qui se dressaient au milieu de la plaine désertique
à la végétation
clairsemée.
L'hôtel
est une véritable oasis en plein désert, bien
agencé, avec une architecture style
neo-hacienda.
Les
participants d'Elan Vital commencèrent à
arriver par petits groupes, et je les observais de mon point
de vue isolé, à l'ombre d'un arbre
planté au bord de la piscine en forme de lagon,
taillée dans le roc.
Le
soir arrivé, il y avait à peu près 400
personnes (5.000 US$ x 400 = 2.000.000 US$) qui
s'étaient présentées pour assister
à cet événement spécial pour
gros donateurs. L'idée, c'était que le don
d'argent était aussi un travail d'équipe, et
cette conférence allait être une occasion pour
les donneurs d'argent de se mettre en
équipe.
La
soirée précédant le début de
l'événement, tous les participants se
mêlaient et frayaient les uns avec les autres, dans
les salons pour les participants aux conférences,
d'une manière qui ne m'a jamais mise à l'aise.
La session où l'on parle de qui on connaît, une
occasion pour voir et être vue, impressionner avec ses
habits, retrouver de vieux amis, établir de nouveaux
contacts. Après quelques allées et venues, il
était évident que je connaissais peu de monde,
et que je n'allais rencontrer personne d'autre.
Dès
le lendemain matin, et pendant deux jours et demi, il y eut
quelques conférences classiques avec un orateur, et
nous fûmes l'auditoire captif d'une personne
réputée pour son service de solliciter de
l'argent, Yoram Weiss.
Lui-même
et Prem Rawat firent des exposés plutôt
embarrassants si l'on se place dans la perspective des
bonnes pratiques de gestion contemporaine. C'est à
dire des statistiques hors du contexte réel, des
graphiques avec peu d'explications ou de définitions,
et un message de vente forcée, où il
était question de la souffrance causée
actuellement par le manque de personnes pour apporter de
l'argent.
C'était
à peine une semaine après la tragédie
du 11 septembre. Prem Rawat jouait donc le rôle du
consolateur divin, notant qu'il y aurait toujours des
tragédies.
Pour
une personne extérieure comme moi, les
américains présents à la
conférence semblaient très naïfs à
propos de cette tragédie horrifiante à
laquelle ils cherchaient des réponses. Comme s'il y
avait une explication à l'ignorance, à la
stupidité et à la volonté de guerre qui
n'est que trop prévalente sur cette terre. Et bien
sûr, Rawat était perçu comme la personne
qui avait les réponses au 11 septembre.
Mais,
comme d'habitude, il n'était pas question d'une place
pour les participants; la communication était
à sens unique, de Rawat à son
auditoire.
Pendant
le dîner, j'ai été surprise du nombre de
mes compagnons de table exprimant une intention de revanche
après la tragédie horrible des tours jumelles.
Il me semblait qu'il s'agissait d'une conférence
où les participants étaient focalisés
sur la paix et la connaissance intérieures.
Ignoraient-ils que la violence appelle la violence ? Et
qu'il n'est que trop facile pour une action de revanche de
propager des germes de violence pour les siècles
à venir ?
Pendant
le dîner, j'ai raconté l'histoire du peuple du
Timor Oriental. Ils devaient décider du sort de leurs
traîtres qui avaient massacré les leurs
à la machette sur les ordres des militaires
indonésiens. Ils avaient décidé de leur
pardonner, et de tenter une réconciliation, seule
solution pratique pour sortir de ce passé accablant,
avec un tel fardeau de désespoir, de tortures,
privations. Ca n'a pas provoqué beaucoup
d'échos.
Pendant
la tenue de la conférence, qui comprenait des
sessions avec Yoram Weiss sur combien d'argent était
nécessaire et pour quels programmes, des sessions
d'expressions avec Rawat, avec de vagues allusions aux
activités productrices d'argent et sur l'importance
de son travail, une session de questions où le
Maître sentencieux se gargarisait dans l'embarrassante
et poisseuse gratitude du dévot extasié, il y
eut deux moments réellement
intéressants.
Il
y a d'abord eu le rite du baise-pied, où les
disciples passent par les contrôles de
sécurité avant d'aller soumettre leur
volonté à celle du Maître, tout en lui
témoignant leur gratitude pratique sous forme
d'espèces sonnantes et trébuchantes aux 'Pieds
de Lotus', une pratique religieuse sectaire sans doute
légèrement déplacée dans la
société occidentale du 21ème
siècle.
Ensuite,
il y a eu une très étrange session durant la
conférence. C'était supposé être
une session de training pour construire l'équipe
financière.
Rien
n'était demandé aux participants. Aucune
méthode ne fut appliquée pour former des
équipes.
Un
exercice fut pourtant mis en place par une personne
nommée 'entraîneur d'équipe', pour
construire des équipes, et il a été
demandé à chacun des participants de se
grouper en unités fonctionnelles pour accomplir une
tâche simple.
Je
n'aime pas les activités de groupe, je me suis donc
assise pour observer. Les personnes présentes
étaient si efficaces qu'en quelques minutes elles
étaient groupées en équipes
cohérentes, et bien parties pour accomplir leur
tâche.
Mais
il y a eu ensuite une session où Rawat leur a dit
qu'ils étaient totalement nuls, qu'il n'y avait aucun
espoir, et que le training était
épouvantable.
Qu'est-ce
que ça voulait dire ? De mes propres yeux, j'avais vu
d'excellentes réponses !
Mais
ce qui s'est passé ensuite fut encore plus
étonnant pour moi qui ai l'habitude, de par mes
capacités professionnelles d'architecte en
technologie de l'information, d'assister à des
conférences bien ordonnées et bien
organisées.
Le
collecteur financier a commencé à haranguer
l'auditoire, en disant à quel point la situation
financière était
désespérée et qu'il y avait des
nécessités financières criantes
à satisfaire pour le Boss, qu'il fallait de l'argent,
de l'argent, et encore de l'argent pour qu'il puisse faire
son travail correctement. L'un dans l'autre, la foule
domptée, à qui on venait juste de dire qu'ils
étaient des nullités abjectes, avait alors une
chance de s'amender et de s'engager financièrement
pour l'année à venir.
Le
montant des sommes citées m'a donné le
sentiment que le moins que je pouvais faire, c'était
m'engager à donner un minimum absolu de 10.000 US$
l'année prochaine. Et j'ai honte d'avouer que je me
suis fait avoir à cette vente forcée, et que
je me suis engagée.
Il
était alors évident que
l'événement était terminé, et
que chacun allait rentrer chez soi après un autre
repas insipide servi sous une grande tente. (Pas de repas
à l'intérieur du Fairmont pour nous autres -
on nous servait le petit déjeuner à
l'extérieur dans la cour ouverte sur le désert
où le soleil atteignait 40° à 9 h du
matin, le déjeuner et le dîner étaient
servis sous une tente.)
En
y repensant, ça ressemblait plus à une
conférence de vente pyramidale qu'à un travail
sérieux pour construire une équipe pour
relever le défi du financement de la propagation de
la connaissance intérieure supposée être
la clef de la paix sur terre.
Ce
n'est que quelques mois plus tard que j'ai eu l'occasion de
parler à quelqu'un qui avait vu où
était passé l'argent d'Amaroo. Une
résidence somptueusement bien agencée, au
décor princier, avec les derniers gadgets
électroniques et autres accessoires pour Prem Rawat.
Cette personne l'avait vu de ses propres yeux, en
dépit du secret bien gardé et des
contrôles de sécurité les plus hauts.
Elle m'a aussi parlé des douzaines de bouteilles de
Cognac vides qu'ils avaient jetées après une
nuit de fête de Rawat avec sa maîtresse.
Admettons que je puisse rationaliser ce genre de
comportement. Mais l'argument irréfutable, pour moi,
a été ce que cette personne qui s'est
confiée à moi m'a dit à propos des
très méchants accès de colère de
Prem Rawat, de ses excès verbaux irrationnels, et de
ses tactiques psychologiques primaires vis à vis des
bénévoles lorsqu'il n'obtenait pas ce qu'il
voulait à Amaroo.
Seigneur
de l'Univers comme il l'a dit autrefois ? Gentil fournisseur
de techniques de méditation pacifique comme il
l'affirme aujourd'hui ? Ou bien charlatan et truqueur absolu
?
Chers
lecteurs, à vous de juger.
Voilà
le défi que je propose à Prem
Rawat.
Parce
que tu m'avais dit que tu allais apporter la paix sur terre
par ta connaissance intérieure, j'ai donné
à peu près 30.000 dollars australiens au fil
des années. J'ai rencontré récemment un
groupe de jeunes européens qui font un merveilleux
travail pour combattre et arrêter le SIDA en Afrique.
Si tu me contactes par l'intermédiaire de ce site, je
te donnerai le nom de cette uvre à laquelle tu
feras parvenir mon chèque de remboursement. Eux, ils
font quelque chose pour la paix sur terre.
Ce
que toi, avec toutes tes uvres charitables et
organisations sans but lucratif, tes exemptions
d'impôts et sociétés offshores dans les
paradis fiscaux, tu n'as pas fait, et que tu ne feras
jamais, avec ton usage frauduleux des fonds que les gens te
donnent de bonne foi pour promouvoir maintenant la paix sur
terre.
Je
pense que le moment est venu de faire auditer tes finances
personnelles, afin de voir exactement comment ces dizaines
de millions de dollars US collectés chaque
année sont vraiment utilisés.
Nya
Alison Murray
IT Architect (Architecte en Technologie de
l'Information)
Décembre 2002
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