Histoire de la DLM
Le point de vue d'un psychologue.

Par Adam Bogacki, Psychologue, Sydney, Australia - (Cette analyse qui commence à dater, et malgré un point de vue contestable sur la pratique de la méditation, reste très intéressante pour ses commentaires sur la naissance et l'évolution de la DLM des premiers temps - NDT).

L'éducation d'aujourd'hui donne à nos enfants, du moins peut-on l'espérer, davantage d'informations sur les pays de l'hémisphère nord qu'elle ne l'a jamais fait. Il semble qu'on insiste cependant davantage sur les pays de l'Asie du nord et du sud-est, que sur l'Inde.

Depuis longtemps l'Asie a influencé la culture occidentale, comme en témoigne par exemple l'influence de la peinture japonaise sur les Impressionnistes français. Certaines influences sont du domaine religieux. Les Etats-Unis étaient le pays le plus riche du monde à la fin des années 60. La contre-culture de cette époque était ouverte aux influences asiatiques en raison de l'opposition à la guerre du Vietnam, et beaucoup d'entreprises religieuses ont saisi l'occasion pour s'exporter. Certaines font actuellement la promotion de systèmes de croyance américanisés. Ces croyances sont anciennes, mais ne sont pas courantes dans nos sociétés.

Bien que la méditation appartienne à nombre de cultures anciennes, on doit cependant la considérer, sur le plan scientifique, comme une sorte d'auto-hypnose. La méditation n'est pas dangereuse par elle-même, mais l'abus potentiel réside dans la personnalité d'un leader susceptible d'exploiter la suggestibilité accentuée et le manque de pensée critique de certains sujets.

La Divine Light Mission (DLM) a été introduite aux USA en 1971. Maharaji, d'origine indienne, se considérait comme un chef religieux et comme un professeur de méditation à l'âge de 14 ans. Il donnait aux gens la 'connaissance' - des exercices stimulant la vue, l'ouïe, l'attention et le goût - afin de faire l'expérience de la 'Lumière Divine', de la 'Musique', du 'Saint Nom' et du 'Nectar'.

Cette pratique est empruntée à la Bhakti, une tradition de l'hindouisme qui s'appuie davantage sur l'attachement émotionnel et la dévotion que la raison: la dévotion à Maharaji.

Il y eut une époque où la DLM avait 45 ashrams et des centres d'information dans 110 villes des Etats-Unis. Alors que ses dévots menaient une vie simple, les revenus provenant de ces sources permirent à Maharaji d'acquérir un building de 80.000 $US à Denver, un terrain à Malibu (Los Angeles) d'une valeur de 400.000 $US, des limousines, des voitures de course et des hélicoptères. Déclarée au Colorado comme une église charitable et sans but lucratif, l'organisation est devenue une entreprise brassant des millions de dollars ( Los Angeles Times, 12/1/1979).

Mais tout ne s'est pas passé sans heurts. Même avec des profits croissants, il n'a pas été facile de régler la dette de 206.000 $US résultant de la location de l'Astrodome de Houston. Il avait été annoncé que cette réunion serait "l'événement le plus significatif de l'histoire de l'humanité", et au lieu des 100.000 personnes attendues, seules 20.000 étaient présentes. Le pire fut que la sainteté de Maharaji, et peut-être même sa solvabilité, furent menacées par une dispute familiale. Mataji, sa mère, qui prétendait être en Inde l'ultime autorité du mouvement de la Lumière Divine, l'évinça pour être "tombé hors du chemin" (Spiritual Counterfeits Project Newsletter , Vol.10, No. 4, Juillet-Août 1984).

Mataji (la 'Révérende Mère') annonça que le 'gourou' de 17 ans avait été remplacé par son frère aîné Satpal, qui devenait donc le leader spirituel du mouvement fondé en 1930 par leur père Shri Hansji Maharaj. Selon Mataji, le frère aîné avait été désigné à l'origine comme le 'Bal Bhagwanji' (Dieu Incarné) par son père, avant la naissance de Maharaji. En 1966, à la mort de son père, le contrôle de la Mission avait été passé à Mataji. Le garçon de 8 ans avait alors été désigné seul 'Maître Parfait', unique incarnation de Dieu pour l'époque. Probablement parce que le chérubin de petit gourou attirait davantage les disciples - dans un pays ou les enfants sont toujours largement utilisés comme main d’œuvre -, et que le 'Dieu Incarné' avait acquiescé silencieusement.

Les tensions familiales se sont accentuées lorsque Maharaji, aidé par des dirigeants américains nouvellement recrutés, prit le contrôle de l'empire américain en 1973 quand il atteignit l'âge de 16 ans. Il épousa plus tard sa secrétaire, Marolyn Johnson, ex-hôtesse de l'air. Il déclara qu'elle était la réincarnation de Kali aux 10 bras, Déesse de la destruction chevauchant un tigre.

Dans le respect de la tradition, une belle-mère indienne est en droit d'attendre obéissance de la femme de son fils. Au lieu de cela, les photos des jeunes mariés commencèrent à remplacer celles de Mataji dans les ashrams américains. Lorsque la Révérende Mère s'est invitée aux Etats-Unis, Maharaji et Marolyn ne l'autorisèrent pas à séjourner au manoir de Malibu.

En Inde, un porte parole indigné de la Divine Light Mission accusa, entre autres choses, le jeune gourou de "hanter les boîtes de nuit, de boire et de danser". On dit également qu'il avait commencé à manger de la viande, ce qui est choquant pour les Hindous végétariens.

Maharaji retourna en Inde pour affronter sa mère et son frère. Une action en justice fut intentée aux USA pour le contrôle de l'organisation, mais l'affaire fut tranquillement réglée loin des tribunaux.

Quand Maharaji est devenu citoyen américain, la Divine Light Mission adopta un profil bas vis à vis du public. Selon ses propres estimations, le nombre d'adeptes recula de 6 millions dans le monde entier dont 50.000 aux Etats-Unis pour l'année 1975, à 1,2 millions pour le monde entier dont 10.000 aux Etats-Unis en 1979. En Novembre 1978, les événements de Jonestown en Guyana, où Jim Jones mena les 910 disciples du Peoples Temple à ce qui semble être un suicide collectif, la poussa vers un profil encore plus bas.

Deux de ses dirigeants américains des premiers temps - Robert Mishler et John Hand Jr. - démissionnèrent de la DLM en 1977. Ils dirent plus tard que Maharaji se comportait de la même façon que Jim Jones. Ils racontèrent que Maharaji était fasciné par les armes et par les gangsters américains (Jewish Meridian 20/4/1979). Il voyage maintenant souvent dans son propre jet directorial, un Falcon, et il se rend en Malaisie, à Taïwan et au Japon. Il est possible qu'il soit en relation avec des disciples dans ces pays.

La plupart des informations disponibles sur la DLM sont maintenant assez anciennes. Beaucoup de choses ont très certainement changé depuis 1979, y compris l'appellation de l'organisation repabtisée 'Elan Vital' pour éviter les associations malheureuses.

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