Extrait de :
EXPOSING CULTS: When the Skeptical Mind Confronts the
Mystical.
(Les Sectes Démasquées: Quand
l'Esprit Critique Affronte le Mystique)
Auteur: David Christopher Lane
Garland Publishing, Inc. New York and London.
Août 1994.
Traduction: J-M Kahn, avec l'autorisation de
l'auteur.
Il se trouve que pratiquement chaque personne
possède la capacité de voir une
lumière intérieure et d'entendre un son
intérieur. De plus, pratiquement tout le monde
a la capacité de faire l'expérience de
quitter son corps, et d'avoir des visions
intérieures merveilleuses. Il n'est pas
nécessaire d'aller voir un gourou indien pour
cela, il est vraiment inutile d'aller où que ce
soit pour cela.
Mais ca n'est pas ce que Kirpal Singh et ses
successeurs ont dit à leurs vastes auditoires.
Bien au contraire, il a été dit aux
milliers de chercheurs qui n'avaient aucune raison de
ne pas le croire, que c'est le gourou lui-même,
et non le disciple, qui orchestre
l'élévation de l'âme vers les
régions supérieures. Mais Kirpal et ses
collègues n'étaient pas très
francs sur le mécanisme qui gouverne
l'accès à des visions et des musiques si
étonnantes. Ce mécanisme est tout
simplement le cerveau et ses trois livres de tissu
cérébral incroyable, qui appartiennent
à chaque être humain.
Lorsque j'enseignais la religion dans un
collège catholique, au début des
années 80, j'ai tenté de nombreuses
expériences de méditation avec mes
élèves; celles-ci m'ont convaincu que
Kirpal Singh et les autres gourous dans son genre
s'accordaient indûment le crédit des
expériences intérieures de leurs
disciples. Lors de ces expériences de
méditation, je commençais par informer
mes élèves de la possibilité de
voir des lumières intérieures et
d'entendre des sons intérieurs.
Etant donné l'aspect ennuyeux de la routine de
l'enseignement secondaire, mes élèves
étaient intrigués. Je leur expliquais
que je connaissais une ancienne technique de yoga qui
faciliterait leurs voyages intérieurs.
J'éteignais la lumière, je leur
expliquais brièvement la manière de
fermer doucement les yeux, et comment chercher les
étincelles de cette lumière
intérieure là où se trouve le
troisième il proverbial. Je leur disais
que j'allais légèrement toucher le front
de certains des élèves avec mon doigt.
Ils méditaient pendant environ cinq minutes.
Puis je continuais en leur demandant de faire part de
leur expérience.
[C'est ainsi que Kirpal procédait
invariablement, immédiatement après ses
cérémonies d'initiation; il faisait une
sorte de pointage du nombre de personnes ayant vu des
étoiles etc - ce que j'ai appelé la
'Statistique de Kirpal'.]
A mon grand étonnement, alors que je croyais
que Kirpal et les autres transmettaient
réellement un pouvoir spirituel, la
majorité de mes élèves rendaient
compte de visions lumineuses. Quelques
élèves disaient même qu'ils
avaient vu des personnages au milieu de cette
lumière. D'autres racontaient qu'ils avaient
entendu des sons subtils et autres
phénomènes du même ordre.
J'ai répété cette même
expérience avec quatre autres classes le
même jour. Puis, durant les dix dernières
années, j'ai reconduit la même
expérience avec mes élèves de
collège. Les résultats, bien qu'ils
diffèrent en matière de chiffres, sont
remarquablement similaires. La majorité des
élèves voient et entendent quelque
chose. Il n'est donc pas nécessaire
d'être très savant en matière de
psychologie, de sociologie et de statistiques, pour
comprendre que Kirpal Singh et les autres exploitent
simplement une réserve préexistante de
possibilités de méditation.
Ce qui était particulier à Kirpal Singh,
par rapport aux autres gourous de Radhasoami, c'est
qu'il affirmait être le responsable,
l'intermédiaire unique, grâce auquel de
telles expériences étaient rendues
possibles. Les disciples de Kirpal ne remettaient
généralement pas en question ses
affirmations grandioses, puisque la plupart avaient
effectivement vu et entendu quelque chose pendant leur
méditation. Ce qu'il ne pouvaient bien
sûr pas apprécier, c'est le fait que
pratiquement n'importe qui aurait pu induire leur
expérience intérieure.
[Je ne veux pas dire pour autant que Kirpal Singh
n'était pas un bon catalyseur. Il
n'était pas unique, et son succès
à permettre à des milliers de personnes
d'accéder à la lumière et au son
intérieurs n'était pas
nécessairement lié à son statut
de maître.]
Les dévots religieux semblent excessivement
impatients d'abandonner la responsabilité de
leurs propres événements neurologiques,
croyant qu'il faut un 'Maître' pour attirer leur
attention 'à l'intérieur'. Que ce soit
vrai ou pas (ce qui ne veut pas dire que les gourous
n'ont rien de bon à offrir), une chose est
certaine: les affirmations de Kirpal et ses semblables
ne peuvent être isolées (comme il se
produit souvent dans les groupes liés à
Sant Mat) du champ d'interaction psychologique et
culturel de chaque initié.
C'est cette interaction, cette acceptation de la
réalité d'une méthode d'un gourou
et de la faculté innée du disciple -
neurologique ou mystique - de faire des
expériences intérieures, qui nourrit les
prétentions des maîtres potentiels.
A la lumière des récits de
personnes ayant frôlé la mort et de la
pléthore des comptes-rendus de
méditation, il me semble sage d'examiner la
manière dont nous voyons et entendons lors de
nos voyages dans la lumière et dans le son.
Alors nous pourrons comprendre pourquoi de telles
expériences peuvent arriver à
pratiquement tout le monde, n'importe où, et
n'importe quand. Cela pourra nous aider à
contextualiser et à évaluer les
affirmations des gourous tels Kirpal Singh, qui
insistent pour s'attribuer le mérite des
visions merveilleuses de leurs disciples.
Si, comme je l'ai suggéré, n'importe qui
peut agir comme conduit de telles expériences
de cet ordre, alors Kirpal et les gourous ayant les
mêmes prétentions devraient être
jugés selon d'autres critères, puisque
leurs affirmations d'exceptionnalité et
d'exclusivité sont tout sauf exceptionnelles et
exclusives.
C'est exactement la nature de la 'Statistique de
Kirpal': le résultat probable du fait qu'avec
les instructions nécessaires à la
pratique du Shabd et du Nad yoga, la majorité
des personnes méditant verront et entendront
quelque chose.
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