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Le Shabdisme aux USA
(et dans les pays occidentaux)

Article original de David Rife
Cet article a été présenté à une conférence de l'American Academy of Religion - Régions Occidentales,
(Conférence de l'Académie Américaine des Religions)
de l'Université de Stanford, le 26 Mars 1982 - Indexation par J-M Kahn
D'autres documents sur le shabdisme sont disponibles sur le site du Dr D. Lane.
Traduction J-M Kahn

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Introduction

Un certain nombre de mouvements religieux actuellement populaires en Amérique du Nord doivent leur existence, pour partie ou en totalité, à la tradition indienne Radhasoami. Leur spectre s'étend de la connexion immédiate, pour Eckankar et la Divine Light Mission dont les fondateurs ont reçu l'initiation de l'un des Satgurus, à des influences par association, lorsque les sectes ont emprunté (et dans certains cas, plagié) les écrits et le lignage spirituel de Radhasoami.

Tous ces nouveaux panths on pourtant un élément commun: ils accordent une importance significative au Shabd, le pouvoir transcendant qu'ils considèrent comme la force qui crée et soutient l'univers (également connu sous le nom de "Flot de Vie Audible" ou "Musique des Sphères").

Bien qu'il y ait des groupes extérieurs à la tradition Radhasoami qui parlent également du "Son", et qui sont antérieurs et extérieurs à cette tradition, tous les nouveaux groupes dont il est ici question ont basé leurs connaissances et leurs écrits sur leur propre interprétation du Surat Shabd Yoga, pratique consistant à unir l'âme à l'énergie intérieure du son.

Dans cet article, je vais décrire la relation entre ces mouvements religieux Américains et la tradition Radhasoami. J'examinerai ensuite les raisons pour lesquelles ces nouveaux panths ont une forte tendance à nier leur héritage religieux vivant.


Index

La Tradition Radhasoami en Inde
Ce qui distingue l'enseignement de Soamiji

Les Principaux Groupes d'Amérique du Nord Affiliés à Radhasoami

- Le Dr. Bhagat Singh Thind
spirituel et activiste pour les droits des Indiens
- Paul Twitchell et Eckankar
Le plus controversé des nouveaux panths
- John-Roger Hinkins et le M.S.I.A.
Ses enseignements sont pratiquement identiques à ceux d'Eckankar
- La Divine Light Mission
Ses liens avec la tradition Radhasoami
- Walter Baptiste, le Dr. Ramamurti Mishra, et Ray Stanford
Individus et groupes moins connus

Dissociation Généalogique: Emergence et Répression chez les Nouveaux Panths
Quelles sont les causes d'un tel déni de leur héritage religieux?

Notes

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La Tradition Radhasoami en Inde

Le nom Radhasoami est généralement utilisé pour désigner les gourous et les gaddis (le siège/la résidence d'un saint, vivant ou décédé) dont le lignage spirituel remonte à Shiv Dayal Singh (1818-1878), fondateur proclamé du mouvement. Il a résidé dans la ville d'Agra, située dans le district de Uttar Pradesh en Inde. Ses disciples l'appelaient "Soamiji Maharaj". Il est né dans une famille de Nanak-panthis, et son éducation religieuse a été influencée par la poésie nirguna bhakti telle celle de Kabir, Nanak, Paltu et surtout Tulsi Sahib de Hathras.

Ce qui distingue les enseignementsde Soamiji (et par conséquent ceux de la tradition Radhasoami) du Vishnouisme, du Tantrisme, du Goraknathisme, du Shivaisme, et des autres formes de piété indienne, est essentiellement l'emphase qui est mise sur les trois principes cardinaux:

1. Le Satguru, à la fois Seigneur Absolu (nirguna) et humain vivant (saguna).

2. Le Shabd, qui comprend le varnatmak (parlé et écrit), et le dhunyatmak (la mélodie transcendante), expressions du Seigneur Suprême (SatPurush).

3. Le Satsang, ou congrégation des fervents dévots de la vérité.

A la mort de Soamiji, plusieurs disciples servirent de gourous, ce qui provoqua la prolifération des satsangs. Il y a aujourd'hui en Inde au moins trente centres différents de Radhasoami, directement connectés au lignage de Shiv Dayal Singh. Pour la rédaction de cet article, nous nous limiterons aux deux groupes les plus grands et plus influents, le Radhasoami Satsang de Beas et le Ruhani Satsang. Car ce sont ces deux sectes qui ont contribué au développement de nombre de mouvements religieux populaires Américains.

Le lignage du Ruhani Satang et de son parent, le Radhasoami Satsang de Beas remonte à Shiv Dayal Singh, en passant par Jaimal Singh, seul successeur Sikh de Soamiji. Celui-ci s'était installé sur les bords de la rivière Beas, dans la communauté agricole du Punjab maintenant prospère. Après le décès de Jaimal Singh en 1903, Sawan Singh (1858-1948), son successeur et principal disciple, fonda une colonie spirituelle en l'honneur de son gourou. C'est Sawan Singh qui fut au centre des forces principales qui propagèrent en Amérique du Nord les panths liés au Shabd Yoga. Son impact est directement visible dans l'enseignement et les écrits de la Divine Light Mission, de la Mishra's Yoga Society, des groupes métaphysiques du Dr. Bhagat Singh Thind, et du Movement for Spiritual Inner Awareness (M.S.I.A. - "Mouvement pour l'Eveil Spirituel Intérieur").

Bien que Charan Singh, son petit-fils, succéda (via Jagat Singh) à Sawan Sing après sa mort, un certain nombre de ses disciples fondèrent leur propres mouvements. Un des plus éminents fut Kirpal Singh, qui établit le Ruhani Satsang à Gur Mandi, dans le Old Delhi. L'influence de Kirpal Singh sur les groupes de Shabd Yoga populaires en Amérique du Nord est secondaire en regard de celle de Sawan Singh. Walter Baptiste et Paul Twitchell (fondateur - aujourd'hui décédé - de Eckankar) furent disciples du de Delhi, et ont incorporé son enseignement dans leurs organisations respectives.

Les principaux groupes d'Amérique du Nord affiliés à Radhasoami

Dans cette première partie, nous allons examiner certains des principaux panths d'Amérique, affiliés d'une manière ou d'une autre avec la tradition Radhasoami en Inde, sous l'égide de Sawan Singh ou de Kirpal Singh.

Le Dr. Bhagat Singh Thind

Au début du vingtième siècle, beaucoup de Sikhs émigrèrent aux USA, après être passés par le Canada. Un des plus éminent fut le Dr. Bhagat Singh Thind, qui était à la fois un spirituel, et un activiste pour la défense des droits des Indiens. Il fut impliqué dans le fameux procès de 1923 "Les Etats-Unis contre Bhagat Singh Thind," où il essaya d'échapper aux restrictions raciales en invoquant le fait que les Indiens sont des Caucasiens.

Durant les années 20 et 30, Thind écrivit un certain nombre de livres et entreprit des actions en justice dans tout le pays pour des raisons métaphysiques. A cette époque, Thind clamait, tout comme il le fit avant sa mort à la fin des années 60, que son inspiration spirituelle venait de la religion Sikh. Selon Kirpal Singh, Thind avait en réalité été initié par Sawan Singh du Radhasoami Satsang de Beas, et tirait son enseignement de lui sans le citer comme il aurait dû. Au lieu d'utiliser les doctrines Sikh, Thind empruntait prétendument les préceptes Radhasoami, en cachant ainsi sa véritable source religieuse.

Commentaires de Kirpal Singh:

Lorsque j'ai été aux USA, il y avait un monsieur d'origine Sikh, maintenant décédé, qui donnait des discours sur l'acquittement de la dette. Il s'appelait Dr. Bhagat Singh Thind. Il était marié à une française. Il avait été initié par Baba Sawan Singh, j'en suis certain. Après avoir écrit son premier livre, Radiant Road (Voie Radieuse) (Thind avait écrit plusieurs livres avant 1939), il en envoya un exemplaire à Baba Sawan Singh. Ce dernier me le donna. C'était une copie de ce que j'avais écrit. Je souhaitais le rencontrer, mais il me fuyait toujours. Je suis resté des mois aux USA. Je lui ai demandé son emploi du temps, mais il le changeait sans cesse. Nous ne nous sommes jamais rencontrés. Il disait qu'il n'avait jamais rencontré Baba Sawan Singh, et qu'il ignorait que Radiant Road, son livre, était la traduction exacte d'une partie d'un livre que j'avais écrit.

Thind avait été accusé d'avoir plagié son livre Radiant Road to Reality (1939) (Voie Radieuse vers la Réalité), non pas parce qu'il utilisait des concepts similaires à ceux de Radhasoami, mais surtout à cause du style et de la forme qu'il utilisait pour convoyer son message. La confusion sur le titre du livre qu'il avait réellement plagié (Sar Bachan Radhasoami , Gurmat Sidhant, ou With A Great Master in India ) ne faisait qu'escamoter la véritable question: pourquoi le Dr. Bhagat Singh Thind employait-il pratiquement toutes les doctrines parmathi spécifiques de Radhasoami, tout en niant leurs origines et ses liens contestés avec le satsang ? Il s'agit d'une question que nous étudierons en détail dans la dernière partie de cet article. Car la négation des origines, comme nous le verrons, est un phénomène courant, surtout pour certains neo-gourous et certains mouvements.

Paul Twitchell et Eckankar

Le plus controversé des nouveaux panths associés avec Radhasoami et le Ruhani Satsang est sans doute Eckankar. Sous la direction de Harold Klemp (l'actuel "Maître Eck Vivant") et de Darwin Gross (le précédent), le groupe n'admet pas aujourd'hui que son fondateur Paul Twitchell (1908-1971) ait été initié par Kirpal Singh en 1955. La documentation qui en fournit la preuve est pourtant accablante. Ils affirment, comme le fit Twitchell à partir de 1966, que leur fondateur a été initié par Sudar Singh d'Allahabad et par Rebazar Tarzs, un moine Tibétain soi-disant âgé de plus de cinq cents ans. Bien que ces affirmations soient invérifiables (par manque de preuves matérielles), le livre "Eckankar: A Hard Look At A New Religion" (1979) et le SCP Journal prouvent sans le moindre doute que Paul Twitchell a bien été un disciple de Kirpal Singh, de Swami Premananda et de L. Ron Hubbard.

Sudar Singh et Rebazar Tarzs, bien qu'ils "existent" jusqu'à un certain point pour couvrir les noms de vrais gourous, sont en réalité des personnages mythologiques typiques de la biographie originale et imaginaire de Twitchell. Afin de fabriquer un "nouveau" mouvement, Paul Twitchell a tenté de cacher ses liens passés avec Kirpal Singh (alors qu'il continuait à utiliser la source de ses livres et de ceux du Dr. Julian P. Johnson), en essayant de créer une mythologie pour faire de lui et son groupe, Eckankar, le pivot d'une révélation spirituelle unique et supérieure.

Le mouvement a aujourd'hui entre trente et cinquante mille membres actifs. La plupart des "Eckistes", ainsi qu'ils s'appellent, n'ont jamais entendu parler de Kirpal Singh, du Ruhani Satsang, du Radhasoami de Beas ou du Dr. Julian P. Johnson. D'après les documents publiés par le groupe, on enseigne aux membres qu'Eckankar est la source de toutes les religions. Bien que le début de leur mouvement ne remonte qu'à 1965, les Maîtres Vivants du mouvement ont enseigné que Sant Mat, Radhasoami, le Shabd Yoga, et les autres formes de discipline spirituelle indiennes basées sur le "Flot du Son", sont des résurgences de l'éternelle voie d'Eckankar. L'histoire cachée de la vie et de l'œuvre de Paul Twitchell est maintenant devenue plus accessible aux lecteurs, ce qui mènera inévitablement à une confrontation entre ce que l'on "croit être vrai", et ce qui est "réellement vrai".

John-Roger Hinkins et le M.S.I.A.

En 1968, John-Roger Hinkins, Mormon et ancien professeur d'école, a commencé son ministère spirituel. Il était lié à Paul Twitchell et Eckankar, puisqu'il avait été un membre correspondant de ce mouvement, et d'après les archives d'Eckankar, un deuxième initié.

A l'occasion de plusieurs longues interviews personnelles de John Roger dans sa maison de Mandeville Canyon, j'ai appris qu'il ne considérait pas sa relation avec Paul Twitchell comme une relation de à disciple, ni comme une relation de professeur à élève.

Quoi qu'il en soit, le fait est que son groupe et ses enseignements sont pratiquement identiques à ceux d'Eckankar, y compris même les nuances particulières à Twitchell. Il faut également noter que la structure organisationnelle du M.S.I.A. est pratiquement parallèle à celle d'Eckankar en ce qui concerne l'initiation, les discours, et la cosmologie.

Pour les membres du M.S.I.A., John-Roger est considéré comme la manifestation physique de la Conscience du Voyageur Mystique (un concept assez semblable à celui du Satguru de la tradition Radhasoami et du Mahanta d'Eckankar). Selon Roger, l'enveloppe de la Conscience du Voyageur Mystique lui a été passée vers l'année 1963. A cette période, Roger affirme avoir rencontré Sawan Singh, le maître passé du Radhasoami Satsang de Beas. "J.R.", ainsi qu'on l'appelle familièrement, dit que le Grand Maître de Beas était le porteur précédent de la Conscience du Voyageur Mystique, et qu'il lui a passé les "clefs du Royaume" et de l'accès aux plans spirituels.

A cette époque, "J.R." n'a pourtant pas reconnu l'être lumineux qu'était Sawan Singh. Ce n'est que plus tard qu'il vit une photographie du gourou et qu'il mit cette image du Grand avec celle de l'entité puissante qu'il rencontra dans la méditation.

Le groupe de John-Roger a considérablement grandi durant les dix dernières années, et il a maintenant des centres dans tous les Etats-Unis, et nombre de pays sur la planète. Le M.S.I.A. publie son propre journal, "The Movement" (Le Mouvement), et il gère de nombreuses organisations-soeurs, dont la plus visible est l'Insight Transformational Seminars (Séminaires de Transformation Insight).

La Divine Light Mission

Parmi tous les mouvements dont il est ici question, la Divine Light Mission est celui dont le moins de personnes connaissent les liens avec la tradition Radhasoami.

Comme le note Juergensmeyer:

Il est rapporté que la "Divine Light Mission" de l'enfant-gourou Shri Sant Ji Maharaj, dérive des enseignements Radhasoami et de la communauté Radhasoami. Selon certains témoignages, le père de l'actuel enfant-gourou a été disciple d'une des branches de Radhasoami, mais il s'en est séparé pour créer son propre groupe.

Avec l'émergence de Balyogeshwar (alias Guru Maharaji), la mission est apparue au public en Inde et en Amérique du Nord. En attirant des milliers de dévots, ce mouvement a eu son impact maximum au début des années 70. La croissance initiale a diminué depuis cette date, et ce groupe jouit actuellement d'une stabilité relative, sans afflux significatif de nouveaux membres, et sans exode substantiel.

Le parallèle le plus frappant entre la Divine Light Mission et la tradition Radhasoami concerne l'enseignement du "Verbe Divin", la mélodie spirituelle intérieure. Les deux groupes emploient des techniques de méditation pour focaliser l'attention des initiés sur le courant de la "lumière et du son", avec la croyance que celui-ci libère l'âme du corps matériel. Les deux groupes ont des enseignements similaires sur la nature du "Verbe Divin", mais il diffèrent sur la façon exacte d'approcher la Demeure Suprême.

Walter Baptiste, le Dr. Ramamurti Mishra, et Ray Stanford

Il y a un certain nombre d'individus et de mouvements moins connus qui ont été liés à Radhasoami. Walter Baptiste, par exemple, a été initié par Kirpal Singh au milieu des années 50. Il a maintenant un centre de yoga et un restaurant végétarien à San Francisco, où sa femme donne des cours de Hatha Yoga. Baptiste donne des cours spirituels, et il donne une initiation avec les cinq saints noms (panch nam) que tous les satsangs de Radhasoami liés à Jaimal Singh (y compris le Ruhani Satsang de Kirpal Singh) ont donné comme mantra de méditation.

D'autres personnes ont été influencées par Radhasoami de façon moins importante. Le Dr. Ramamurti Mishra, célèbre professeur de yoga, a été initié à la fois par Sawan Singh et par Baba Somanath. Mais il ne faut pas surestimer leur impact, car Mishra a adopté de nombreux gourous. Il enseigne néanmoins le Nada-yoga (union de l'âme avec le son intérieur/primordial), et il insiste beaucoup sur les enseignements de Radhasoami.

Il existe aujourd'hui une multitude d'organisations qui révèlent une compatibilité frappante avec les enseignements Radhasoami, en ce qui concerne le "Flot du Son". Bien que ces mouvements n'ont parfois aucun lien direct avec Radhasoami, ils ont emprunté en diverses circonstances des pratiques ou des croyances de Radhasoami. Dans cette catégorie figurent: AUM (Association for the Understanding of Man - Association pour la Compréhension de l'Homme), dont le fondateur, Ray Stanford, a été initié par Charan Singh du Radhasoami Satsang de Beas; Morningland, qui semble avoir été influencé par certaines des doctrines distinctives d'Eckankar; et Jerry Mulvin, ancien joueur de quilles professionnel et longtemps disciple de Eckankar, qui affirme maintenant être un illuminé et compétent pour "connecter" ses disciples au flot du son (pour cent dollars, pas moins !).

Dissociation Généalogique: Emergence et Répression chez les Nouveaux Panths

Une question importante apparaît à la vue de la tendance étonnante qu'ont beaucoup de nouveaux panths et leurs fondateurs à nier leur héritage religieux - un reniement sous forme d'effacement de noms, de plagiat, et de dissimulation. Pourquoi ?

Bien que les réponses puissent être nombreuses (comme le scepticisme de SCP à propos du fondateur passé d'Eckankar: "Twitchell était un homme à la vision étroite, et il préférait ses propres fabrications à la vérité"), il devient assez apparent en y regardant de plus près qu'il y a une raison fondamentale. Pour être simple, les nouveaux panths ne sont pas tellement soucieux de supprimer leurs racines historiques, mais ils sont excessivement préoccupés d'être distingués comme un nouveau mouvement. C'est surtout à cause de cette emphase sur l'établissement d'une entité séparée que le groupe et son fondateur se déconnectent du passé dont ils résultent, au lieu de l'intégrer. Cette disjonction, dont les fondements se trouvent dans la psychologie du développement, je l'ai baptisée "dissociation généalogique".

Ken Wilber, dans ses livres "The Atman Project" et "Up From Eden", considère cette prédisposition à la désunion comme un problème psychologique sous-jacent au cours du développement de l'homme, sur le plan individuel et sur le plan social. Lorsqu'il tente de se différencier d'un certain état de conscience, ou d'un certain stade de son développement par exemple, l'homme a deux options: soit il intègre l'ordre précédent, lorsque se produit l'émergence, soit il le réprime. S'il y a intégration, cette étape précédente reste consciente et malléable; si elle est aliénée ou déconnectée, elle devient inconsciente et menaçante. En terme de dualité esprit/corps, Wilber l'explique ainsi:

La dissociation esprit/corps est le résultat naturel de la terreur croissante qui a émergé avec la phase mental-ego, vers 600 avant J.C. A mesure que l'esprit commençait à émerger clairement pour la première fois dans l'histoire, l'ego, en fuite devant la mort, a simplement aliéné, dissocié ou réprimé le corps. Et c'est pour une raison simple: le mental-ego est composé d'idées, et les idées semblent permanentes, immuables et fixées, alors que le corps, fait de chair mortelle, va bien sûr mourir. Tous les véritables arbres grandissent, par exemple, ils vivent puis ils meurent - mais le mot "arbre", le symbole "arbre" restent identiques. Si les idées semblent fixes et immuables, alors que le corps est fait de chair mortelle, et que vous fuyez devant la mort, avec lequel des deux allez-vous vous identifier ? Avec l'esprit bien sûr. Vous vous identifiez aux mots, aux symboles, aux concepts - l'ego - et vous niez, vous aliénez, vous réprimez le corps mortel. Les idées deviennent le nouveau projet d'immortalité, et le corps devient la nouvelle menace, le nouvel ennemi.

Si l'on applique la théorie de l'élucidation de Wilber au développement des nouveaux panths (spécifiquement Eckankar), on peut voir que c'est la "peur" de perdre cette émergence - ce pas en avant - qui incite à supprimer ou à tenter d'annihiler l'ordre inférieur où la différenciation s'est produite. Dans notre cas, la dissociation généalogique historico-religieuse. Chez beaucoup des nouveaux panths (comme chez Paul Twitchell qui nie ses liens avec Kirpal Singh et le Ruhani Satsang), cette dissociation ne surgit pas tant de l'ignorance, que de l'espoir de se séparer, de se distinguer et de créer une tradition durable et autonome.

Mais comme le démontrent les théories de Freud et de Jung à propos de la maturation de la personnalité, le moi inconscient, ou l'ombre du moi, ne peut être ignoré parce qu'il fait partie de l'organisme lui-même. Il faut tout simplement le gérer.

Dans le domaine religieux, on peut constater la tentative d' "intégration" qui a eu lieu aux premiers temps du Christianisme, surtout par l'influence de St Paul. Pour le compte de l'Eglise nouvellement apparue, un effort fut entrepris pour inclure (et non oblitérer) certaines parties de la religion et de la culture Judaïque. Il en est de même pour Radhasoami (plus particulièrement pour la branche de Beas au Penjab, et pour la Sawan-Kirpal Mission) vis-à-vis de Sant mat. Au sein de Radhasoami et de Ruhani Satsang, il y a un lien reconnu et un souvenir fier de leur ascendance chez les poètes-Sants-bhakti de la tradition nirguna du moyen-âge. Mais dans le contexte de certains des nouveaux panths, il y a un effort de dislocation, de dissociation, et même de destruction de leurs antécédents. Au lieu d'admettre leur véritable héritage spirituel, il y a un déni, même face à des preuves incroyablement contradictoires.

Pour illustrer ceci, prenons par exemple le cas de Paul Twitchell et Eckankar. Lorsque le groupe a débuté, Twitchell ne niait pas complètement le lien avec son gourou Kirpal Singh. En réalité, dans de nombreux articles, Twitchell ne tarissait pas d'éloge pour le Maître du Ruhani Satsang. Mais à partir de 1966, on constate une accélération du processus de dissimulation. Qu'est-ce qui a déclenché ce changement d'allégeance. La réponse est peut-être plus simple que ce qu'on pourrait attendre: la popularité grandissante d'Eckankar. Lorsque Twitchell commença à saisir l'importance de son nouveau mouvement religieux - le fait qu'il avait la possibilité d'attirer des milliers d'adeptes - il décida de renverser tout ce qui pourrait freiner la progression d'Eckankar et sa popularité potentielle au sein des masses. Il voulait que son groupe se définisse de lui-même, et qu'il définisse son cours futur comme une tradition spirituelle viable. Et la menace la plus sérieuse visant son autonomie si désirée, dans le cadre du projet de Twitchell en tout cas, c'était son passé. Twitchell inventa donc une nouvelle mythologie, qui entrelaçait les faits, la fiction, une légende, et son imagination, dans un complexe confus qui n'exhibait qu'un seul thème conséquent: le Héros incarné par le Maître Eck Vivant (c'est à dire Paul Twitchell).

Le problème gênant dans cette histoire, c'est que la tentative faite par Eckankar pour se créer une neo-mythologie n'est pas fondée sur une tradition historique antérieure, mais sur les impulsions créatrices de son propre fondateur. Et ces impulsions varient du plagiat de chapitres entiers de textes (protégés par copyright) du Radhasoami Satsang de Beas, aux mensonges sur des détails biographiques, et au début d'une vaste dissimulation sur les origines des doctrines d'Eckankar.

Ce n'est pas seulement une répression du passé qui a poussé Paul Twitchell à nier ses racines spirituelles, mais plutôt son inquiétude particulière pour le futur: assurer la croissance de son nouveau mouvement.

C'est ce souci obsessionnel de Twitchell qui a l'a emporté sur l'authenticité vis-à-vis de son véritable passé, son véritable héritage, au lieu de l'intégrer, donnant ainsi naissance au groupe Eckankar.

Bien que ce modus operandi d' "émergence par répression" soit vieux comme le monde et qu'il contribue à l'évolution des religions, dans le cas de certains des nouveaux panths (et particulièrement Eckankar), il reste une tentative essentiellement immature et désunificatrice pour l'obtension d'une véritable autonomie.



NOTES


1. Paul Twitchell et le Dr. Bhagat Singh Thind sont deux exemples significatifs de maîtres spirituels qui ont plagié les textes Radhasoami. Voir le paragraphe consacré à ce sujet.

2. L'essentiel de cette recherche est basé sur mes huit voyages dans le Nord de l'Inde. D'abord pendant l'été 1978 avec le Professeur Mark Juergensmeyer de l'University de California à Berkeley, et plus récemment en Janvier 1990 où j'ai pris connaissance de la vaste correspondance entre Twitchell et Kirpal Singh. Cf le paragraphe consacré à ce sujet.

3. J'ai utilisé le mot panth (lit. "voie, chemin, cours") pour son sens et son usage neutres et non dérogatoires, à l'inverse du mot "culte" ou "secte" qui sont devenus des mots-repoussoirs galvaudés par les médias.

4. Le sens du mot 'Shabd' varie selon son contexte. Dans la terminologie Radhasoami, Shabd est l'éternelle 'force et vitalité qui imprègne tout l'univers; il est l'origine et le soutien de la création toute entière." D'après le Glossary of Radhasoami Faith - Glossaire de la Foi Radhasoami - (Agra: Sant Das Maheshwari, 1967), page 227, pour le mot Shabd.

5. Il faut noter que le terme "Flot de Vie Audible" n'est devenu populaire qu'après la publication du livre The Path of the Masters - Le Chemin des Maîtres - (1939), de Julian P. Johnson. Ce livre a été plagié d'une manière extensive.

6. Le Surat Shabd Yoga (lit., 'l'union de l'âme - de la conscience - avec le son spirituel intérieur') est une discipline ancienne dont le but est de permettre à l'âme (la conscience) de s'élever au-delà du corps, pour atteindre les régions spirituelles intérieures, au moyen du son intérieur - ou flot de vie. Il semble que le Shabd Yoga ait sa source à la période indienne pré-védique. Cette pratique yogique ne s'est manifestée clairement, et n'est bien connue que depuis 5 siècles. Les ouvrages majeurs qui la décrivent ou qui l'illustrent comprennent: la Hathayoga Pradipika, la Nadabindu Upanishad , et les écrits des poètes nirguna bhakti de la tradition Sant, comme l'Anurag Sagar (attribué à Kabir, mais datant plus vraisemblablement d'une époque postérieure) et le Ghat Ramayana de Tulsi Sahib. Les traités les plus clairs et les plus détaillés sur la pratique du Surat Shabd Yoga viennent du Sar Bachan de Shiv Dayal Singh (comprenant des volumes de prose et des volumes de vers), l'écriture principale du mouvement Radhasoami.

7. Il s'agit du premier article de ce type, examinant les liens étroits entre la tradition Radhasoami et les mouvements religieux populaires aux USA, comme la Divine Light Mission, Eckankar, M.S.I.A., et le groupe du Dr. Bhagat Singh Thind. Les savants qui sont les pionniers dans ce domaine d'investigation sont le Professeur Mark Juergensmeyer et le Dr. J. Gordon Melton.

8. J'ai écrit le mot 'Radhasoami' (avec un 'o' et non le 'w' de la translitération normale) par déférence pour le Soami Bagh Satsang d'Agra qui considère comme un affront de ne pas lier les mots Radha et 'Soami' (abandonnant ainsi la majuscule du second mot). Le Satsang de Beas et les autres branches l'écrivent de diverses manières, et n'y accordent pas d'importance particulière. Dans la plupart des cas, j'ai suivi le mode d'écriture de Soami Bagh, surtout à cause de l'importance qu'ils y accordent. A propos de cette petite, mais intéressante controverse, voir S.D. Maheshwari's Correspondence with Certain Americans (Agra: Soami Bagh), Volumes One through Five; et Lekh Raj Puri's Radha Swami Teachings (New Delhi: Pvt. published, n.d., 1967?).

9. Ibid. J'orthographie à nouveau ainsi, par déférence pour le Soami Bagh Satsang d'Agra.

10. Il y a une controverse entre les satsangs de Beas et d'Agra sur le fait que Tulsi Sahib ait été ou pas le gourou de Shiv Dayal Singh. Le satsang de Beas (et ceux qui lui sont affiliés, y compris Tarn Taran et Ruhani Satsang) prétendent que Shiv Dayal Singh a bien été initié dans sa jeunesse par Tulsi Sahib de Hathras. Les satsangs d'Agra (qui comprennent Peepal Mandi, Soami Bagh, et Dayal Bagh) nient tout lien entre les maîtres estimés, affirmant au contraire qu'ils étaient tous deux swateh Sants (nés parfaits), et qu'ils n'ont donc eu besoin de l'aide d'aucun gourou.

11. Réfer. à P.D. Barthwal's The Nirguna School of Hindi Poetry: An Exposition of Medieval Indian Santa Mysticism (Benares: Indian Book Shop, 1936) et Dr. Mohan Singh's Goraknath and Medieval Mysticism (Lahore: 1937).

12. Cette colonie s'appelle Dera Baba Jaimal Singh. Elle est l'une des plus grandes communautés spirituelles en Inde.

13. A sa mort, le 1er juin 1990, Charan Singh était le gourou de Radhasoami ayant le plus grand nombre de disciples. Il avait initié plus 1.200.000 personnes durant ses 31 ans de règne en tant que Sant Satguru.

14. Mark Juergensmeyer, "The Ghadar Syndrome," Sikh Studies: Comparative Perspectives on a Changing Tradition (Berkeley: Graduate Theological Union, 1979), page 182.

15. Parenthèse personnelle; Thind a écrit plusieurs livres avant 1939, dont "House of Happiness" (Salt Lake: Pvt. publication) en 1931.

16. Kirpal Singh, "Heart to Heart Talks", Volume 1 (Delhi: Ruhani Satsang, 1975).

17. Bien que Kirpal Singh dise que le Dr Thind a plagié le Gurmat Sidhant (publié à l'origine en Punjabi, avec le nom de Sawan Singh pour auteur), la plupart des 'emprunts' littéraires de Thind viennent du livre 3With a Great Master in India" (1934) de Julian P. Johnson.

18. En 1977, j'ai parlé avec Mme Thind de la relation entre son mari et Sawan Singh du Radhasoami Satsang de Beas. Mme Thind avait été informée par son mari qu'il ne connaissait pas Sawan Singh. Il affirmait par contre avoir été initié par un prêtre Himalyen, et qu'il avait été disciple de Guru Nanak lors d'une incarnation précédente. Bien que Mme Thind avait personnellement rencontré Kirpal Singh, et qu'elle avait connaissance de la connexion supposée entre son mari et le Radhasoami Satsang de Beas, le Dr. Thind ne lui avait jamais parlé d'une telle relation.

19. Le terme de "conscience Mahanta", utilisé dans la terminologie Eckankar, signifie le Maître Divin intérieur. Son usage est très similaire à celui de "Forme Rayonnante" utilisé dans les enseignements Radhasoami.

20. Voir ce qui concerne le plagiat.

21. Voir cinquième partie.

22. Des centaines de disciples ont quitté Eckankar à cause des découvertes exposées dans les éditions précédentes de The Making of a Spiritual Movement and SCP Journal's "Eckankar: A Hard Look at a New Religion." En fait, plusieurs vidéos ont été diffusées par le quartier général d'Eckankar (à Menlo Park, Californie) dans tous les pays, pour avertir ses membres des "contre-vérités" accusatrices émises par des chercheurs "qui n'ont pas fait leurs devoirs". Voir la préface.

23. Interview personnelle de John-Roger Hinkins chez lui à Mandeville Canyon (1978).

24. La cosmologie de Roger est exactement identique à celle de Paul Twitchell. Ce qui est peu commun étant donné les additions dues à la créativité propre à Twitchell. Comparez les schémas suivants:

Cosmologie Eckankar (telle qu'elle est décrite dans "The Spiritual Notebook" de Paul Twitchell, 1971):

1. Physique/Tonnerre 2. Astral/Grondement de la Mer 3. Causal/Tintement de Cloches 4. Mental/Eau Courante 5. Ame/Note Unique de Flûte 6. Alakh Lok/Vent Fort 7. Alaya Lok/Bourdonnement Profond 8. Hukikat Lok/Mille Violons 9. Agam Lok/ Musique du Vent dans la Forêt 10. Anami Lok/Son du Tourbillon.

Cosmologie M.S.I.A. (telle qu'elle est décrite dans "The Sound Current" de John-Roger, 1976):

1. Physique/Tonnerre 2. Astral/Grondement du Ressac 3. Causal/Tintement de Cloches 4. Mental/Eau Courante 5. Ame/Son de Flûte 6. {Les Régions au delà de l'esprit ne sont pas nommées dans le livre - seulement les sons} Son du Vent 7. Bourdonnement 8. Dix Mille Violons 9. Vent dans la Forêt.

Les cosmologies précédentes sont pratiquement identiques. Twitchell a formulé son propre schéma de structure de l'univers, en donnant un son particulier à chaque niveau. Et ces deux cosmologies présentent une rupture radicale avec la version ésotérique Radhasoami.

25. J'ai fait personnellement cette remarque à John-Roger (en 1978, op. cit.) qui m'a dit porter un grand amour à Twitchell et à son œuvre. Roger a même dit qu'il engrangeait les idées (et schémas organisationnels) d'autres maîtres spirituels et traditions, tout en restant fidèle à sa direction personnelle et à sa propre compréhension. John-Roger a été au centre d'un grand scandale pendant les dix dernières années. Voir "The J.R. Controversy and The Criminal Activities of John-Roger Hinkins - La Controverse J.R. et les Activités Criminelles de John-Roger Hinkins - (UCSM, Volume One, Number One and Volume Two, Number Two) pour davantage de détails sur les escapades infâmes de J.R.

26. Interview personnelle de John-Roger Hinkins à son domicile, durant l'été 1979.

27. Idem.

28. Dans sa structure, le Séminaire Insight est très similaire à EST, le groupe populaire de séminaires fondé par Werner Erhard.

29. Mark Juergensmeyer, "Radhasoami as a Trans-National Movement" (Radhasoami, un Mouvement Trans-National); non publié. Pour confirmer l'affirmation de Juergensmeyer selon laquelle le père de Guru Maharaji a été lié à l'une des sectes Radhasoami, j'ai personnellement été informé au Sawan Ashram - Old Delhi, Inde - en juillet 1978, par Bhagwan Gyaniji (qui fut disciple de Sawan Singh et secrétaire personnel de Kirpal Singh), que le père de Balyogeshwar a bien été initié par Sawan Singh du Radhasoami Satsang de Beas, et qu'il s'en est séparé plus tard pour créer son propre mouvement. Il semble aussi que le père de Balyogeshwar ait été disciple de Sarupanand, un autre guru de Sant Mat, qui travaillait dans la tradition Sri Paramhans Advait Mat, un lignage de surat shabd yoga apparemment connecté à Shiv Dayal Singh qui fonda ce dernier à la fin du 19ème siècle. Ce groupe est maintenant basé à Guna.

30. Idem.

31. Interview téléphonique de Harold Ross, disciple personnel de Walter Baptiste (1978), et ancien disciple de Radhasoami Beas, de Soami Bagh, et de Eckankar.

32. Ce même mantra des "Cinq Saints Noms" est aussi donné par John-Roger Hinkins du M.S.I.A., bien que ce soit sous une forme altérée.

33. Lettre personnelle du Dr. Ramamurti Mishra à l'auteur, datée du 30 octobre 1980.

34. Ramana Maharishi en est un exemple classique.

35. Voir la paragraphe concernant le plagiat .

36. Bien que beaucoup du vocabulaire de Radhasoami provienne des écoles de yoga tantrique, elle a aussi un vocabulaire distinct. Des termes tels que "Ringing Radiance" - Rayonnement Annulaire - et "Audible Life Stream" - Flot de Vie Audible - sont devenus d'un usage courant à cause de leur apparition fréquente dans les publications Radhasoami de Beas.

37. Woodrow Nichols, "Eckankar: The Ancient Science of Deception" (incorporé par la suite dans le SCP Journal--Eckankar: A Hard Look at a New Religion (Berkeley, 1979).

38. Le terme de "dissociation généalogique" est utile, car il illustre clairement ce qui s'est produit dans l'évolution d'Eckankar, entre la fin des années 60 et le début des années 70. Twitchell a tenté de rompre avec son passé, non seulement en niant son véritable héritage religieux, mais aussi en implantant une nouvelle généalogie spirituelle -- qui remonterait soi-disant au Maître Gakko, qui aurait apporté le véritable enseignement d'Eckankar de la planète Venus.

39. Je n'utilise pas la psychologie du développement pour 'réduire' les motifs de Twitchell à un paradigme Freudien ou Jungien, mais plutôt pour établir un fondement consensuel sur lequel les nouveaux mouvements religieux ne sont pas simplement relégués, d'une manière académique, au poste éloigné de "l'aberration sociale".

Bien au contraire, comme la plupart des groupes religieux traditionnels, ces nouveaux mouvements représentent les pulsions et les émotions humaines de base. Si la phylogénie récapitule l'ontogénie par certains aspects (ou vice-versa; cf "Broca's Brain" de Carl Sagan, 1979), des groupes tels qu'Eckankar peuvent alors être mieux appréhendés à la lumière de la psychologie de l'homme. Ceci, bien sûr, ne doit pas être seulement une tentative pour réduire la religion à ses racines neurologiques, mais plutôt un moyen partiel pour parvenir à une meilleure compréhension. Voir "Up From Eden" de Ken Wilber, (New York: Doubleday, 1981), pour en savoir plus sur cette perspective.

40. Ken Wilber, op. cit.

41. Bien que dans le cas de Twitchell, l'ignorance joue un rôle certain. Le fondateur d'Eckankar avait la mémoire courte, et souvent imprécise.

Alors qu'on le questionnait une fois à propos de Rebazar Tarzs, son gourou personnel, Twitchell avait oublié qui il était. C'était peut-être dû au fait que Rebazar Tarzs est un personnage fictif, et que ses détails autobiographiques changeaient d'année en année, avec la croissance d'Eckankar.

42. Cette "intégration" de la culture et de la religion judaïque par l'Eglise Catholique Romaine, peut aussi être opposée à la "dissociation" faite par certaines écoles Gnostiques du Deuxième Siècle après J.C. L'Eglise a aussi essayé de détruire certaines de ses propres racines religieuses, y compris certains textes hautement mystiques produits par des auteurs Gnostiques "hérétiques".

43. Même si, au nom de Dieu, l'Eglise a souvent persécuté ses frères et sœurs de religion, l'antisémitisme, bien qu'il soit maintenant formellement rejeté, tire beaucoup de son élan et de ses bases dans l'histoire, la théologie et la tradition catholique.

44. Le Radhasoami Satsang de Beas a même institué une "Mystics of the East Series" - Série des Mystiques de l'Orient - pour publier des monographies sur la vie des fameux Sants de la tradition nirguna bhakti médiévale.

45. Le secrétaire d'Eckankar a diffusé une fois un mémo sur toute la planète, affirmant que les travaux de Julian P. Johnson (par lesquels Twitchell avait été accusé de plagiat) n'étaient pas protégés par le copyright. Ceci est bien sûr faux, puisque tous les livres de Julian P. Johnson étaient protégés par le copyright, et qu'ils le sont toujours.

46. Y compris "The Flute of God", qui avait été publié sous forme de fascicules dans Orion Magazine, au milieu des années 60.

47. En 1967, Twitchell a déplacé son Quartier Général opérationnel à Las Vegas, Nevada, pour éviter une taxation trop lourde.

48. Voir SCP Journal--Eckankar: A Hard Look At A New Religion(Berkeley, 1979).

49. La paranoïa de Twitchell atteignit son pinacle lorsqu'il écrivit une lettre personnelle à Kirpal Singh à la fin de l'année 1971, dans laquelle il menaçait de poursuites judiciaires le Maître du Ruhani Satsang s'il continuait d'affirmer qu'Eckankar dérivait des enseignements de Sant mat. Twitchell est mort d'une crise cardiaque peu après que sa lettre soit parvenue à Old Delhi, en Inde.

50. Voir mon article, "The Hierarchical Structure of Religious Visions,"op. cit.

Note Finale: Cet article a été présenté à une conférence de l'American Academy of Religion - Régions Occidentales, (Conférence de l'Académie Américaine des Religions) de l'Université de Stanford, le 26 Mars 1982.

Pour tout savoir sur les origines d'Elan Vital:

Une Perspective Indienne : Maharaji au regard de l'Hindouisme
Le Livre 'Paramhansa Advait Mat': Lignage, vie et enseignement des Satgurus.
Introduction: Sikhisme et groupes apparentés : Kabir, Nanak, Sikhism, Sant Mat, Radhasoami & EV
Similitudes avec la tradition Radhasoami : Les idées Radhasoami présentées sous le drapeau de la DLM - Elan Vital.
Commentaires du Prof. David Lane : Relations entre la DLM à ses débuts et les groupes Radhasoami et Advait Mat.
Le Shabdisme aux USA : Relations avec Radhasoami - Raisons du déni de l'héritage religieux.

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